Les dames du metal – Blackbriar

Nous sommes à la fin du mois d’octobre, pas très loin d’une fête largement célébrée outre-Manche et outre-Atlantique, je pense donc que le moment est particulièrement bien choisi pour vous présenter le groupe du jour. Blackbriar est un groupe de metal alternatif / gothique néerlandais, décidément cette nationalité est très représentée dans ce domaine. Ils sont distribués par le label Nuclear Blast, qui est à mon avis le premier label sur le metal et toutes les musiques extrêmes. C’est, devant Impérial Age dont j’ai parlé il y a peu de temps, le groupe qui a eu mon record d’écoutes en 2022 et 2023, de loin. Ceci dit, ça n’explique pas pourquoi ce groupe en particulier est bien adapté pour la période…

Laissez-moi vous raconter une petite histoire. J’ai découvert ce groupe à travers mon application de musique en streaming. Leurs chansons sont entrées dans mes listes de lecture aléatoires, celles que je mets quand je ne sais pas forcément quoi écouter. Vous devez vous en douter, ces listes sont riches en groupes de metal avec une chanteuse, pour être honnête il m’arrive d’avoir du mal à les différencier, beaucoup proposent des musiques, des voix, des styles assez similaires. Blackbriar sortait largement du lot. La chanteuse du groupe, Zora Cock, a une voix… une voix…

Remontons le temps, autour du XVIIe siècle. Vous vivez avec votre famille dans une chaumière, dans un petit village. Vous avez dû sortir dans la nuit pour chercher de l’eau au puits, situé à côté du bois, à l’extérieur du village. Vous n’êtes pas très à l’aise, vous n’aimez pas y aller à la nuit tombée, vous avez entendu dire… enfin, bon, vous n’allez pas y penser maintenant, votre vieille mère est malade, elle a besoin de cette eau… Vous êtes au puits, vous plongez le seau dans l’onde et vous le remontez. CriCriCri… le bruit du treuil… vos yeux fatigués voient, de l’autre côté de la forêt, une lumière pâle, tremblotante. Vous fermez les yeux et redoublez d’ardeur pour remonter votre seau, mais bon Dieu, qu’est-ce qu’il est lourd ! CriCrrriCrrrriiiii… Et cette lumière, qui est toujours là, filtrant à travers vos paupières… est-ce que ça ne serait pas une voix que vous entendez dans la direction d’où vient cette lumière…? Une voix qui parle, une voix qui appelle, pressante… vous essayez de ne rien entendre mais vous ne pouvez vous en empêcher… parce-que cette voix, c’est votre nom qu’elle appelle !

Tout ce qu’on retrouvera de vous, le lendemain, c’est votre seau, vide, posé à côté du puits…

La voix de Zora est celle-là : la voix de la magicienne qui vous envoûte, celle de la sirène qui vous séduit, celle de la fée qui danse pieds nus autour des pierres couchées par les Hommes du temps jadis, c’est la complainte qui résonne sur la lande battue au vent. Zora, c’est la sorcière qu’il faut brûler, c’est l’écho qui vous attire dans les profondes vallées dans les montagnes, c’est le fantôme de celle qui vous attend juste de l’autre côté du voile en murmurant votre nom, l’amante déchirée qui vous a perdu, l’enfant sans âge qui attend la nuit au bord de la route. La voix de Zora, c’est toutes celles-là, et c’est pour ça que quand on l’a entendue on sait qu’on le reconnaîtra. Ce qu’on ne sait pas toujours, c’est qu’on s’en souvient parce-qu’on est ensorcelé.

… et en musique ?

Je crois que ce coup-ci, je ne vais pas mettre de vidéo de concerts. Non qu’elles soient mauvaises, au contraire, mais je trouve que le travail réalisé sur les clips est superbe, et mérite largement d’être partagé – je crois d’ailleurs de Blackbriar réalise aussi des clips pour d’autres groupes.

Commençons tout en douceur. Blackbriar a un côté gothique, et quoi de plus gothique que les roses ? Cette fleur, loin des envolées de Ronsard, est aussi celle qu’on met sur les tombes, si possible en noir et blanc, qui ornent des endroits comme le Père Lachaise… Preserved Roses. Si je n’ai jamais vu Zora porter des bas, je trouve que les corsets et corsages lui vont très bien !

Avant de commencer à plonger, je vous propose un duo, où Zora n’est pas seule au chant. C’est un des titres qui m’ont fait découvrir le groupe, où Zora chante avec Ulli Perhonen, qui était à l’époque chanteuse du groupe Snow White Blood : Snow White and Rose Red. La chanson parle de deux sœurs de cœur qui ont été séparées.

J’ai parlé d’une sirène… je vais vous la présenter à travers 3 chansons, tirées de l’album « The Cause of Shipwreck » – c’est assez logique. En commençant par Weakness and Lust. Sirène, succube, on ne sait pas trop, mais dans cette chanson elle rentre dans la tête, dans l’esprit de ses proies et en prend le contrôle.

Une fois qu’elle a pris le contrôle de votre esprit, elle vous emmène avec elle et vous fait goûter à la paix… à sa paix… dans les bras de l’océan. Arms of the Ocean. Le groupe propose aussi sur sa chaîne une version en « live acoustique » de cette chanson, qui est… bref, si ça vous intéresse, courrez l’écouter !

La sirène, la femme poisson… elle a d’autres moyens de prendre possession de vous. Le groupe nous joue ici sa version de la légende de la fille de l’océan, qui se dépouille de sa fourrure de phoque pour prendre la forme d’une femme… et faire tomber les hommes sous son charme. Selkie.

Vous en avez peut-être assez de toute cette eau. Je peux vous comprendre, moi aussi. Éloignons-nous de l’océan et voyons ce qui arrive aux sorcières… I’d rather burn.

Ceci dit, ce n’est pas la fin, loin de là. Ou cette fin-ci n’est peut-être qu’un recommencement ? Fairy of the Bog soulève le voile de ce qui se passe après…

Ce départ ne signifie pas que le contact est perdu ! Le groupe explore, à travers The Séance, ce qui se passe quand on essaie d’entrer en contact avec les esprits. À moins que ce ne fût l’inverse…?

Arrivé à ce stade, je me rends compte qu’il faudrait peut-être que je me calme et que je sois un peu plus sélectif… le problème, c’est que j’ai vraiment du mal à l’être avec ce groupe ! Un petit dernier de cet album, pour la route, et une fois n’est pas coutume en concert parce-qu’ils n’ont pas fait de clip pour cette chanson, la chaîne du groupe ne propose que l’audio. Deadly Diminuendo, enregistrement de fan donc le son n’est pas extraordinaire, même si la voix, cette voix…

J’aurais bien aimé ajouter Walking over my Grave et Mortal Remains, qui proposent des clips très intéressants aussi, et tout à fait dans le thème « Halloween »… mais si je fais ça je crois que je vous aurai mis à peu près tout le premier album… Je vous propose de continuer par les quelques titres du deuxième album disponibles, à commencer par celui-ci, Crimson Faces, qui est semble-t-il inspiré par le roman Rebeca, de Daphnée du Maurier.

Nouvelle visite dans le deuil avec My Soul’s Demise, qui exprime le désarroi de celle qui reste après le décès de son amant et qui a accepté, pour qu’il trouve la paix, de se charger de toute la noirceur de son âme.

Revenons rendre visite aux faës des forêts, qui nous rendent visite au solstice d’été et envoûtent ceux qui savent écouter de leur chant, avec Cicada.

Et si, finalement, on ne voulait qu’une chose : oublier…? Oublier ceux qui sont partis, ceux qui nous ont fait du mal, est-ce qu’il existe un moyen ? Dans Spirit of Forgetfullness, le groupe donne sa réponse… ce n’est pas forcément celle qu’on attend !

Mais si, dans le fond, tout ça n’était qu’un beau délire ? Petit retour dans le temps avec Beautiful Delirium, pour conclure cette revue d’un groupe qui est encore aujourd’hui, vous l’aurez compris, dans mes favoris ! Et pas seulement au moment en cette saison, même s’ils ont une place de choix dans ma liste de lecture « metal Halloween » !



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