Je ne parle pas ici d’un film de la fin des années 90 dont le titre était une mise en abyme tant on le ressentait tout au long des 5 heures qu’il durait. Ou 3 ? Deux, peut-être…? Quoi qu’il en soit, on en sentait 51. D’ailleurs, est-ce que le temps qu’on passe à attendre que quelque-chose ne commence ou que quelque-chose ne se termine, ce temps qui confine à l’éternité, il faudra que j’écrive là-dessus un de ces jours, ce temps, donc, nous fait-il vieillir plus vite ? Si nos années nous semblent passer comme des jours, vieillit-on moins vite que si elles nous semblent durer des siècles ? Encore un sujet de réflexion pour plus tard, peut-être, j’ai l’impression de m’être encore égaré, retour au sujet.
L’ennui, donc. On le fuit, on ne veut pas de lui, on veut lui échapper. Tout sauf l’ennui, semble crier notre société du smartphone, du monde à portée de doigts. Scrolling infini, passer d’un message insignifiant à un autre, passer d’une vidéo insignifiante à une autre, passer d’un visage insignifiant à un autre, swiper à droite, swiper à gauche, ici un « like », là un pouce, tout, tout plutôt qu’être inactif, tout plutôt que déconnecter, que devoir écouter ce que nous dit cet être étrange en nous : notre cerveau…
Parce-que si nous ne l’aimons pas, lui apprécie cet ennui, ces moments de déconnexion où il peut, lui, se reconnecter avec lui-même, approfondir des idées esquissées, creuser des concepts. Il peut s’agir de la grande unification des forces2 ou de la raison pour laquelle Machin a dit ça à Bidule3, ce n’est dans le fond pas important. L’important, c’est de libérer nos têtes pour lâcher la bride à nos idées.
Je critique lourdement le téléphone et les réseaux sociaux un peu plus haut, ils ne sont pas les seuls coupables. J’ai remarqué que quand je suis dans les transports en commun avec juste mon téléphone, vu que le réseau n’est pas extraordinaire, j’ai tendance à venir ici pour écrire, je peux le faire sans connexion, c’est pratique. Quand j’ai un livre en cours, je reste plutôt sur les textes déjà écrits, je vous en propose beaucoup moins – il faut dire qu’on est moins observateurs quand on a le nez plongé dans les pages d’un livre, l’autre jour, quand j’étais descendu de mon bus je ne peux même pas vous dire si j’avais utilisé la porte à l’avant ou celle du milieu, j’avais simplement suivi du coin de l’œil l’autre personne qui descendait là !
L’ennui, c’est une bulle d’oxygène. C’est le terreau où vont germer les futures idées. C’est, en fait, une nécessité vitale. Et au pire, s’il devient vraiment pénible, il est toujours possible de s’occuper les doigts avec une petite jarretelle à tripoter ici ou là. Je parle des miennes, bien sûr !
J’invite toute personne qui voudrait creuser le sujet des dangers pour notre cerveau du scrolling infini et de l’intérêt de l’ennui à regarder la vidéo suivante, je l’ai trouvée passionnante !

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