Chemin de soie

Une petite dernière et je vous fiche la paix avec les « tu », du moins pour cette série, après tout vous en avez peut-être un peu marre de mes salades, je vous comprendrais ! Cette dernière était, contrairement aux précédentes, de ces femmes qu’on peut qualifier de « mûres ». Pas encore trop mûres, mais assurément… « expérimentée ». Mais passons à ce pronom que je ne considère pas ici comme une insulte, même si, te croisant dans la rue, j’allais je n’oserais en user avec toi, ça serait un manque de respect !

Tu étais assise sur un banc, par une belle journée d’été finissant, et semblais regarder les gens, tant qu’il y en avait. J’avoue ne pas avoir pris le temps de détailler toute ta tenue, ma situation s’y prêtait mal, j’étais assez chargé et un peu pressé, une histoire au sujet d’un enfant à déposer quelque part, d’un autre à chercher ailleurs, va savoir ! Assise sur un banc, mais ni impotente, ni ventripotente, si un mot avec cette terminaison devait s’appliquer à toi, je pense que ça serait plutôt « élégante », c’est du moins l’impression qui me reste. Une élégante, qui prenait un peu de temps et de soleil pour elle.

Tout ce que j’ai vu de toi, ce qui a capté toute mon attention, c’était tes pieds. Tu portais des sandales ouvertes, on voyait clairement tes orteils, qui nous montraient le soin que tu prends d’eux. Et tes orteils, ils n’étaient pas à l’air libre comme la plupart des orteils qu’on croise en cette saison, ils étaient délicatement couverts d’un fil en 10 ou 15 deniers, sans couture. Je n’ai pas eu le temps de voir si un petit pli pouvait en trahir plus, tu comprendras je pense que je n’aie pas voulu m’arrêter pris par le temps, pris aussi par un sentiment de respect élémentaire… mais j’ai bien envie de croire que ce que j’avais vu à tes pieds, c’était des bas de nylon. Merci à toi, ma dame, d’avoir bien voulu me donner ce petit moment d’espoir, merci beaucoup !