Les objections – 18 – où l’on évoque des problèmes d’âge

Photo en noir et blanc qui montre une personne assise, vêtue d'une chemise à carreaux et de bas. Elle tient un livre ouvert dans sa main droite, ce qui suggère un moment de lecture ou de réflexion. La photo date des années 1920/1930.

« C’est nul, tes machins, c’est des trucs de vieux », « de toute façon ça n’intéresse que les boomers ».

Voilà précisément le genre de sujets qui semblent simples, triviaux, dont on pense se débarrasser d’une pichenette… avant de réaliser qu’en fait, non, on a juste attrapé le bout de fil qui sortait d’une pelote, et qu’il faudra la dévider jusqu’au bout. Bref, derrière la simplicité apparente de la remarque s’ouvrent une infinité de pistes de réflexion… Je vais essayer de vous en proposer quelques-unes, il n’est pas exclus que j’en laisse de côté, pour peut-être en reparler plus tard !

L’âge d’or du bas correspond en gros à la première moitié du XXe siècle : en gros de 1900 à 1970. Je compte plusieurs époques ici, si je veux me limiter au nylon ça sera entre 1945 et 1965, 20 ans seulement. Clairement, les générations qui ont connu cette époque, si certains de leurs membres ont su rester jeunes dans leur tête, commencent à accuser le poids des ans. À ce titre, parler de « trucs de vieux » semble pertinent, on peut même ajouter le « ok, boomer » devant, tant il ne me paraît pas absurde qu’un certain nombre d’hommes nés dans cette période, qui ont vu leurs mères ou leurs sœurs attacher leurs bas, les faire sécher sur un étendoir, les choisir, choisir leur gaine ou leur porte-jarretelles, ont pu en conserver un souvenir ému.

Et moi, dans tout ça ? Regardons les choses en face : je commence tout doucement à prendre de l’âge aussi. Je suis né trop près des années 80 pour pouvoir être qualifié de « boomer », en 2024 j’ai connu 6 présidents de la République, mais pour le premier j’étais trop jeune quand il a quitté l’Élysée pour m’en souvenir1. Bref, je ne suis plus tout à fait ce qu’on appelle « un jeune ». Ceci dit, mon Histoire personnelle ne colle pas du tout à l’Histoire du bas, encore moins de nylon : la mienne commence à peu près 10 ans après qu’ils avaient fini leur âge d’or, à une époque où ils n’existaient quasiment plus dans l’espace public. On en apercevait parfois dans un clip musical ou au travers d’un spectacle de cabaret, parfois diffusé à une heure de grande écoute à la télé. Ça reste maigre. Je ne les ai pas connus quand ils étaient un passage obligé.

Pourtant… Malgré la rareté de l’objet, peut-être à cause de cette rareté, je me suis construit ce fétichisme qui me fait écrire ici. Si c’est arrivé pour moi, est-ce qu’il est impossible que ça arrive pour d’autres personnes ?

J’ai écouté quelques témoignages, je regarde ce que je trouve en ligne, j’ai aussi posé la question. À une dame relativement âgée qui m’a confié être une adepte de toujours, j’ai demandé si elle avait l’impression que les jeunes n’avaient pas d’intérêt pour le sujet. Elle m’a répondu que jusqu’à présent, elle n’avait rencontré aucun homme qui avait su rester indifférent à ses bas, même ceux qui étaient à la fin de leur vingtaine. Pourtant, un des témoignages chez NylonPur semble dire le contraire, que les jeunes générations ne sont pas intéressées, que les hommes jeunes ne connaissent pas cet objet, qu’il n’évoque rien pour eux donc ne les intéresse pas. Qui croire ? Peut-être les deux. Les quelques discussions que j’ai eues avec la première me la font voir comme une femme très amatrice d’hommes, qui aime je pense jouer de tous les atouts que la nature lui a donné pour séduire2. La deuxième était peut-être, au moment de son interview, un peu plus sage.

Alors, les bas, “truc de vieux” ? Il faut peut-être avoir une certaine expérience pour savoir les apprécier au mieux. Je reviens à moi : on m’aurait mis sous le nez une paire de Carnation portés quand j’avais 20 ans, je n’aurais pas compris ce que j’avais sous ne nez – et d’ailleurs, qui sait, j’en ai peut-être eu ! Ce qui m’amène à penser à une dame dont j’ai entendu parler, qui exerçait le difficile métier de professeur tout en portant régulièrement des bas, avec une préférence marquée pour le FF. Combien de ses élèves ont compris ce qu’ils avaient sous les yeux ? Combien attendaient impatiemment ce moment où ils pourraient voir ses jambes arpenter la salle de classe ? Quand la seule expérience qu’on en a vient d’éventuelles séquences de films porno, excusez-moi, je pense que ce n’est pas gagné !

Je pense que « expérience » n’est pas le mot idéal, ça serait peut-être une forme de maturité, qui vient quand on s’intéresse un minimum au sujet, peut-être en dehors d’un cadre purement sexuel. Cette même maturité qui permet d’apprécier un bon vin ou un repas gastronomique. Une maturité qui peut ne jamais venir – je connais une personne qui serait capable de boire cul sec un verre de Romanée Conti, ou de manger son foie gras avec de la moutarde, et il a dépassé les 70 ans, dans son cas c’est une question culturelle, ça peut aussi être un manque d’intérêt pour le sujet, un manque d’envie d’approfondir, que sais-je…?

J’aime garder espoir. Je me dis qu’en fonction des films et séries à la mode on peut voir un retour, remis au goût du jour, de certaines manières de s’habiller. Le style masculin des années 20 avec Peaky Blinders (j’étais un peu dedans avant la série, en ce qui me concerne), un style plus années 50 avec Mad Men… Les jeunes, si on leur en laisse la chance et si on leur montre que ça existe, peuvent tout à fait s’approprier ces codes, c’est d’ailleurs aussi une constante dans les témoignages NylonPur. Les bas, trucs de vieux ? Uniquement pour ceux qui le décident. Les autres n’ont pas besoin de les laisser au placard !

  1. « Au revoir ! » ↩︎
  2. si elle me lit ici, elle sait comment me joindre pour corriger cette vision ! ↩︎


2 réponses à « Les objections – 18 – où l’on évoque des problèmes d’âge »

  1. Remarquable analyse, une fois de plus. Bien pensé, bien écrit.
    Merci

    Aimé par 1 personne

    1. Merci, c’est un de ces sujets qui ont l’air simple, mais se révèlent d’une grande richesse quand on commence à les creuser. Je crois qu’il me reste quelques idées pour le futur 😊

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