« Il n’y a que du synthétique, c’est désagréable ! », « Je ne supporte que les matières naturelles ! », « Et les micro-plastiques, tu y penses ? »
Le problème
Les bas nylon sont, par définition, en nylon, qui est un polyester. Il s’agit donc d’une matière qui, si elle présente un certain nombre de qualités, a ce défaut rédhibitoire d’être produit par l’industrie chimique, à partir de pétrole. C’est, d’une certaine manière, encore pire pour un bas extensible ou un collant : ces propriétés d’extensions sont données au nylon par le Lycra, ou elasthane, lui aussi venu tout droit, à l’origine, des usines de Du Pont De Nemours. Avec, contrairement au nylon, une majuscule : Du Pont a oublié de déposer le nom nylon, ils n’ont pas fait cette erreur pour le Lycra®.
Polyester, élasthane, si vous regardez les étiquettes de vos vêtements, et surtout celles des sous-vêtements qualifiés de « sexy », ils sont partout : dès qu’il y a une dentelle, un soupçon de transparence, un motif un peu travaillé à un tarif accessible, vous en trouverez. Bien entendu, les porte-jarretelles, gaines et guêpières ne font pas exception, si parfois du latex peut être ajouté pour améliorer le maintien (mais est-ce encore le cas aujourd’hui ?), on y trouve peu de matières naturelles.
Quels sont les problèmes de ces fibres synthétiques ? Il y en a plusieurs : au niveau environnemental on peut leur reprocher leur mode de production et les difficultés de leur recyclage : si des filières existent il me semblerait envisageable de recycler le nylon, mais quand il est mélangé au Lycra je crois que c’est compliqué. En outre, il semble que le lavage répété des matériaux synthétiques en machine provoque une abrasion qui émet des micro-billes de plastiques, vous en avez sans doute entendu parler. Bientôt les lave-linges vendus dans l’Union Européenne devront être munis d’une cartouche (à remplacer régulièrement, on a bien besoin d’un nouvel abonnement pour faire nos lessives !) pour capturer ces polluants.
Au niveau du contact ? Certaines personnes les trouvent irritantes pour la peau. Ces matières « respirent » peu, leur usage trop fréquent peut favoriser l’apparition de mycoses, classiquement désagréables — c’est précisément la raison pour laquelle une culotte en synthétique sera en général munie d’une doublure en coton sur le fond, il est prudent de réserver celles qui n’en ont pas à un usage très ponctuel. Je reconnais pour ma part qu’une dentelle synthétique peut, à l’usage, provoquer des démangeaisons.
Attention toutefois : vous êtes habitué(e) à porter régulièrement des leggings ou des collants classiques, et ça ne vous pose aucun problème ? Dans ce cas, posez-vous des questions : si le côté synthétique est votre meilleure excuse pour ne pas porter de bas vous devriez lire attentivement les étiquettes de ces produits, ils sont rarement 100% coton. Dans ce cas, lisez peut-être mes autres articles d’objections, vous pourrez y trouver d’autres idées crédibles — j’en ai même qualifié certaines de tout à fait entendables !
Que faire ?
Pour les bas, il n’y a pas grand-chose à faire : le synthétique règne en maître dans ce domaine. On peut trouver, en hiver, des bas et collants contenant de la laine, du cachemire, du coton, mais même dans ces cas ces matières seront minoritaires. La solution pour éviter toute trace de synthétique dans les bas du collants, je crois qu’il n’y a que Cervin qui la propose avec ses bas… de soie ! Il s’agit clairement d’un produit de niche, un produit de luxe, assez cher et fragile : filer un bas à 10€ la paire, c’est énervant mais c’est gérable. Quand la paire est à 50€, on aimerait pouvoir le faire réparer… sans parler des gammes à diminution, non proposées au catalogue actuellement mais qui étaient proposées pour près d’une centaine d’euros quand elles étaient en vente.

La soie est un produit naturel : c’est bien. Issu de l’exploitation animale, donc pas végan. Si on fait abstraction de son prix, est-il parfait ? Pas vraiment. J’ai évoqué sa fragilité, il existe aussi une différence significative au regard : la soie est jolie, mais n’a ni la transparence, ni la finesse du nylon : elle sera très bien pour habiller une jambe, pour la protéger d’une journée un peu fraîche, mais elle ne l’affinera pas comme un bas nylon pourrait le faire. Vous pourrez m’objecter que le mélange nylon/Lycra qui règne actuellement ne fait guère mieux, c’est tout à fait vrai ! Quant au coton ou aux autres fibres naturelles, elles n’a aucune qualité dans ce domaine : opaques, non extensible, épaisses… Strictement réservées aux chaussettes.
Est-ce à dire que les bas ne peuvent être que désagréables ? Clairement pas, je dois avouer que, si je n’en ai pas essayé énormément, j’ai pu noter que certains peuvent avoir un toucher très doux, d’autres plutôt rêches ou raides, et pourtant ils sont tous “100% nylon”. Pas de “name-dropping” ici, de toute façon le type de fil et de tissage dépend de chaque gamme et de chaque fabricant/vendeur, mais à défaut d’essayer croyez-moi sur parole. De mon côté, même si je porte presque exclusivement du 100% nylon, j’ai mes modèles préférés et ceux que je mets plus par défaut, pour changer, parce-que ce jour j’ai envie de mettre autre chose…
Pour la lingerie
Entendons-nous bien : je parle ici, comme toujours, d’une lingerie destinée à être portée tout au long d’une journée, les contraintes ne sont pas les mêmes quand on vise une simple soirée… ou quelques minutes pour faire plaisir à monsieur (si vous vous y prenez bien, ce cas précis peut aller très vite !).
Les matières synthétiques sont-elles une fatalité ? Ça va dépendre… de votre budget, principalement. Le gros problème de la lingerie, c’est qu’on a besoin qu’elle puisse s’adapter au corps, le maintenir sans forcément le serrer, et pour ça elle doit avoir une certaine élasticité. Peu de fibres naturelles la permettent : dans les gammes classiques, un porte-jarretelles même en coton contiendra une certaine quantité de synthétique, ne serait-ce que pour pouvoir assurer un minimum de… confort. Comme votre culotte “100% coton”, j’espère que vous ne croyez pas que la bande élastique à la taille est en coton…? On doit pouvoir trouver de bons porte-jarretelles contenant du coton à des prix corrects, je pensais en avoir trouvé un, mais apparemment c’était une fausse alerte.
Et la soie…? Je l’ai vue sur des modèles de marques de lingerie haut de gamme. Je me souviens notamment, quand j’avais fait une revue des marques, d’un modèle de porte-jarretelles à 300€ qui contenait de la soie — je ne sais pas s’il était 100% soie. Est-il utile de le dire ? Ce modèle, s’il était joli, était le genre de porte-jarretelles à fuir de toute urgence sans se retourner, si le confort à la taille y était peut-être, la tenue des bas ne pouvait être que médiocre… Je suis sûr qu’un cherchant du côté de la lingerie sur mesure, on doit pouvoir trouver des modèles de bonne qualité en soie. Mais là, on n’est plus dans le domaine du grand public, on n’est plus dans les mêmes tarifs non plus ! Après, si le sujet vous intéresse vraiment, j’ai mis quelques liens à la fin de cet article, l’un d’eux peut vous amener vers un fabricant qui propose, entre autres, de la lingerie en soie.
En conclusion…
Pour les bas : quand vous « débutez » il convient d’essayer plusieurs gammes, plusieurs modèles, plusieurs fabricants et revendeurs, jusqu’à trouver les séries qui vous conviennent, parce-qu’elles existent — notez bien ici l’emploi de l’indicatif et l’absence d’adverbe induisant un doute, c’est à dessein. Le choix est clairement moins vaste que dans les années 50, quand des dizaines de fabricants inondaient un marché conquis, il reste cependant suffisant pour permettre à toutes les personnes intéressées de trouver leur bonheur. Ça suppose, bien sûr, une curiosité, une envie d’explorer le domaine, pour vous ou pour un autre.
Du côté de ce qui sert à les tenir en place : en faisant l’hypothèse que votre relation avec votre banquier est, comme la mienne, assez moyenne, je vous propose d’exclure les pièces sur mesure en soie. Le coton est une option si vous en trouvez, ce qui est a priori rare, en fait on peut s’en sortir avec du synthétique aussi. Les porte-jarretelles que j’ai dans ma petite boîte sont tous en nylon/Lycra. À ce jour, j’en ai 10, dont 6 que j’utilise très régulièrement, et un septième avec certains bas. Chacun se place différemment des autres, et appuie plus à un endroit ou un autre : quand j’ai senti une irritation un jour j’en prends un autre le lendemain, ce qui règle le problème. Je répète que je me place dans l’optique d’un port quotidien, mis le matin et ôté le soir : un porte-jarretelles peut être bon pour 5 minutes et mauvais pour une journée, un porte-jarretelles peut être bon pour un jour et mauvais pour une semaine. Si vous n’en avez qu’un, faites des pauses, de toute façon il ne faut pas abuser des bonnes choses ! Ou intercalez des bas autofixants (dont la jarretière peut aussi avoir un effet irritant, à force). Le principal ici est de respecter son ressenti, et d’agir en fonction de ses envies du jour. Dans tous les cas, pour qu’un port quotidien soit agréable, il convient de pouvoir changer, donc d’avoir du choix. Dans les matières, dans les coupes, dans les styles : il est sage de se constituer peu à peu une petite collection dans laquelle piocher. Dans ces conditions, le matériau n’est pas forcément un problème.
Aller plus loin…
J’ai trouvé, sur le web anglophone, quelques articles qui parlent des bas Cervin Charleston, nom de la gamme de bas de soie à diminution. Sur le web francophone, on trouvait bien sûr l’article chez mesbasetmoi, mais il n’est plus en ligne aujourd’hui, nous allons donc nous en passer.
- Bas Charleston et porte-jarretelles Boétie chez lingerieaddict.com (j’y ai aussi trouvé l’image de la pochette du bas Charleston que j’ai réutilisée sans vergogne, dans la mesure où c’est simplement une photo du paquet). L’autrice y partage des photos du bas porté.
- Un autre test du même bas est disponible chez Esty Lingerie. L’autrice y partage des photos du bas non porté, et insiste sur la fragilité du produit.
- Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous une séance d’Isabelle, où elle porte un ensemble de lingerie en soie. En espérant que son blog à elle reste en ligne pour encore quelques années, même si elle y est inactive…

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