Édito NylonPur de juin 2002, là encore un édito composite.
Je reprends l'article tel qu'il était disponible sur le site ousontlesbas.com jusqu'à sa mise hors ligne, images d'illustration incluses, en ne m'autorisant que quelques petites corrections de forme ou de typographie. J'ai toutefois pris la liberté d'ajouter des note de bas de page. Les deux notes originales sont en italique, les notes ajoutées sont en écriture normale.
J'ai tout de même ajouté les descriptions aux images d'illustrations, pour les personnes à qui elles peuvent être nécessaire, en espérant qu'elles sont suffisamment précises.
Histoire imprévue des dessous féminins, Cécil Saint-Laurent, Ed Herscher 1995

« Sous sa robe, la Grecque de l’Antiquité portait à la hauteur des hanches une bandelette dont 1 inutilité était parfaite ; elle n’avait pas d’autre mission que de proclamer la féminité du corps quelle ceignait. De même les Romaines serrèrent au-dessus de leurs genoux des jarretières qui ne tenaient aucun bas puisque les bas n’existaient pas encore mais qui stimulaient chez les hommes un désir assez subtil déjà pour confiner au fétichisme.
Appelons fétichisme la confusion de la partie avec le tout, la certitude exacerbée que dans un léger détail spécifique toute la sensualité peut être concentrée donc intensifiée. Ainsi les Romaines imaginèrent et portèrent plus d’une demi-douzaine de dessous que les poètes libertins chantèrent avec émotion.
Les couples qui applaudissent un spectacle du Crazy Horse sont sensibles à sa beauté et à ses perfections mais, devant d’enchanteresses danseuses vêtues d’un porte-jarretelles, ils savent qu’ils participent à un mystère, à l’une de ces cérémonies oniriques qui datent de la mythologie. Ils ne souhaitent que les prolonger dans une intimité aphrodisiaque de l’alcôve ».
Extrait du forum de feu « L’Insolite »
Qu’est-ce que le fétichisme? Cet article poursuit un double but : d’une part, tâcher, non pas de poser une définition du fétichisme, mais plutôt de revoir cette définition (tout en ne me privant pas de recourir à certains présupposés psychanalytiques), d’autre part, offrir des voies intéressantes de discussions susceptibles de nourrir une sorte de recherche sur le fétichisme; ce forum cherchant d’abord et avant tout à réunir des fétichistes intéressés par le MYSTÈRE de l’objet et terriblement ouvert aux discussions les plus SECRÈTES.

Que dit d’abord cette définition? Le fétiche est un «objet» investit d’une forte connotation érotique. Conséquemment, le fétichiste est celui qui (ne) trouve SON plaisir sexuel (qu’) en compagnie dudit objet (en l’occurrence, ici, les bas coutures et les talons – très – hauts). Pourquoi ? Freud parle à ce moment du « déni de la castration » (hypothèse maintenant controversée). Selon lui, l’objet auquel s’attacherait l’enfant serait souvent celui qu’il verrait (quand sa mère, ou sa nourrice se dévêt) juste avant de constater l’absence de phallus dont il la croyait dotée ! En d’autres termes, si l’enfant (mâle), croyant que sa mère, par exemple, a, tout comme lui, un pénis, voit celle-ci se déshabiller en retirant sa blouse, son soutien-gorge, sa jupe, ses chaussures, puis, ses bas et son slip, le jeune mâle, constatant alors l’absence de phallus, ayant peur que, comme sa mère, on le lui « coupe », tâche, afin de nier cela, d’attacher son souvenir au dernier « objet » qui lui fut permis de voir avant cette constatation, en l’occurrence, les bas, les chaussures, etc. Bref, peu importe que le fétiche soit lié à cet événement ou à n’importe quelle autre expérience sexuellement stimulante, il n’en demeure pas moins que l’« objet » reste lié à un SOUVENIR.
Allons-y maintenant de notre hypothèse au sujet de l’objet comme fantasme, de l’objet comme désir, comme projection. Le propre du fantasme — ce n’est plus un secret pour personne — est d’être insatisfait, irréalisable, inassouvi. Le fantasme étant une « représentation imaginaire », il va sans dire que si on le réalise, le fantasme n’en est plus tout à fait un ! Puisque le fantasme n’existe que dans son attente, sa promesse, son désir, sa projection, la question est de savoir quand atteint-on le PAROXYSME DE L’EXCITATION grâce à notre objet fétiche ? Peut-être juste avant de voir, de savoir, quand nous sommes juste en instance de deviner, juste avant, non après. Si je suis attiré par les bas nylon (les « bas » et non le collant) et que je vois une femme portant une jupe, je serai alors constamment attiré par la démarcation du haut de ses cuisses qui me confirmera le port du bas ou du collant. C’est parce que je ne sais pas si elle porte des bas ou des collants que j’observerai cette femme, que l’objet-fétiche est une « attente », une « promesse ». C’est parce que « je ne sais pas » que j’observe, c’est parce que « je ne sais pas » que je suis excité. L’excitation diminue déjà lorsque j’ai ma réponse. La vue de l’objet est donc constamment, en quelque sorte, repoussée. L’« objet » est donc lié à une PROJECTION.
Ainsi, en regard de la définition exposée plus haut au sujet de l’objet comme souvenir et de cette hypothèse quant à l’objet comme projection, une question se pose : l’« objet » existe-t-il? En effet, comme nous l’avons vu, l’objet est, d’une part, lié à un SOUVENIR (un souvenir qui, de plus, est lié à quelque chose qui n’existe pas, l’« absence » de phallus) et d’autre part, il est aussi une « promesse » en ce sens qu’il n’est jamais atteint, ou obtenu, il est une PROJECTION. L’objet se défile. D’un côté comme de l’autre. Au passé comme au futur. Il se défile vers le passé puisque jamais (sauf à preuve du contraire) on ne peut savoir quand exactement a eu lieu l’« excitation originelle », il se défile vers le futur puisque jamais nous ne le possédons, parce que du moment où nous savons ce qu’il est, il nous excite déjà moins. Passé et futur sont donc liés dans cet « objet » ! Peu de présent, donc, peu de présence ! Le fétiche n’existerait pas ! Voici maintenant les questions auxquelles nous aimerions vous convier pour ce forum : Quel est votre fétiche et pourquoi ? À quel SOUVENIR est-il lié ? Quels AFFECTS réveille-t-il en vous ? Comment parvenez-vous au PAROXYSME DE L’EXCITATION grâce à lui ? Quels sont les autres fétiches que vous EXPLOREZ et pourquoi ? Comment surmontez-vous (s’il y a lieu) INHIBITIONS et CULPABILITÉ ? Enfin, faites-nous part de vos RÊVES, envoyez-nous les PHOTOS qui vous troublent, racontez-nous vos SCÉNARIOS érotico-fétichistes les plus enivrants…
Bob, 17/11/98
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