En me promenant sur les intertubes j’ai réalisé (une fois de plus) que les mots que j’utilise, bien qu’étant en français, peuvent ne pas être compris par toute personne francophone. Le monde est vaste, les régions où on parle en français sont variées, et une même notion peut être désignée sous des termes différents selon l’endroit où on est. L’exemple m’en a été donné quand j’ai regardé une vidéo d’une influenceuse québécoise, qui allait tester différentes versions de ce qu’elle appelait des « bas nylon », qui semblaient correspondre à ce que j’appelle moi des collants voile. Je ne donnerai pas ici l’équivalent des termes que j’utilise en québécois, suisse, belge ou sénégalais (pour prendre quelques exemple), mais je vais essayer d’indiquer la signification de ces mots pour moi, signification qui s’appliquera à ce que je dirai à l’avenir.
Un bas est un vêtement couvrant le pied et montant le long de la jambe. Il s’arrête quelque part sur la cuisse, plus ou moins haut selon sa longueur. Il ne faut pas le confondre avec une chaussette, qui est un vêtement pour les pieds qui couvre les molets et s’arrête juste en dessous des genoux, et encore moins avec la socquette qui s’arrête à la cheville (voire un peu plus bas). De nos jours, les bas les plus vendus sont en nylon et Lycra (bas dits « extensible »), même si on trouve encore des bas en nylon uniquement, voire en soie. Il en existe aussi en coton ou en laine.

Par opposition au bas, un collant est un vêtement composé schématiquement de deux bas, reliés par une culotte. Le collant peut utiliser les mêmes matières que les bas, à l’exception peut-être du nylon pur, celui-ci n’étant à mon avis pas assez extensible pour permettre de faire un collant confortable (alors que pour les bas… mais je pense que j’en reparlerai ailleurs !).
Maintenant, place à un peu de vocabulaire spécifique aux bas. À titre d’illustration, je vais utiliser une photo d’un type de bas assez particulier : un bas dit « fully fashioned » (abrégé en FF). Je ne sais pas s’il existe une traduction simple pour cette expression anglaise, il me semble qu’elle est largement utilisée et sera comprise par toute personne ayant un minimum de connaissances sur le sujet. Cette photo est issue de wikipédia, elle est sous une license que je vous invite à découvrir sur la page dédiée.

Je mettrai la traduction anglaise de chaque terme, celle-ci étant très utilisée dans le monde des bas – parfois au détriment du terme français, il n’est pas impossible que les britanniques soient plus enclins à porter des bas que les français… En se concentrant spécifiquement sur le bas, de haut en bas, on a :
- le revers (welt) : il s’agit de la partie la plus opaque, tout en haut du bas. Il tient son opacité du fait qu’en général l’étoffe du bas y est doublée. Le revers est conçu pour permettre de tenir le bas en place, la méthode utilisée dépendant du type de bas.
- le sous-revers (shadow welt) : cette partie a un rôle principalement esthétique. Elle assure la transition entre le revers et le bas lui-même.
- le talon : comme son nom l’indique, il couvre et renforce le talon.
- la pointe : le bout du bas, où vont se lover les orteils
- la couture (seam) : elle est spécifique aux « bas couture » (ce qui inclut les FF). Il s’agit d’une couture qui remonte depuis le talon jusqu’au revers. Historiquement, quand les bas étaient tissés à plat, la couture servait à les refermer. De nos jours, il peut s’agir soit d’une vraie couture (bas FF), soit d’un décor. La forme de la jonction entre le talon et la couture sera une caractéristique du bas, mais je crois que j’en parlerai ailleurs.
- le trou de serrure (keyhole), ou l’œillet : cet élément n’existe que sur les bas FF. C’est une ouverture à l’arrière du revers, placée à cet endroit pour des raisons techniques – il donne au revers la capacité à s’ouvrir, permettant de simplement… enfiler le bas ! Attention : un bas FF doit être maintenu par une jarretelle, mais la jarretelle ne doit jamais être accrochée dans le trou de serrure, la structure du bas est trop fine à cet endroit pour supporter la contrainte !
Une jarretière est un ruban, aujourd’hui souvent élastique, qu’on peut placer en haut du bas pour le tenir en place. Il est fort probable que ce soit ce que Louis XIV utilisait pour tenir ses bas en place sur le portrait ci-dessus. En dehors du mariage, il est relativement rare de voir des jarretières aujourd’hui, en serrant les cuisses, elles peuvent causer des problèmes de circulation sanguine dans les jambes.
Une jarretelle est un ruban élastique muni d’une attache pour accrocher le bas. La jarretelle sera, en haut, attachée à une pièce de lingerie dédiée (porte-jarretelle, serre taille, guêpière, gaîne, corset). Sur le côté bas, elle sera munie d’une attache qui ira pincer le bas et le tenir en place. Je reviendrai aussi sur ce sujet plus tard.
Un bas jarretière est un bas qui est conçu pour tenir en place tout seul. Il est muni sur la face intérieure du revers d’une bande de silicone, qui lui permet d’adhérer à la peau de la cuisse. On les appelle aussi les « bas up », « bas auto-fixants » ou « bas top ». Ce sont, de très loin, les plus faciles à trouver aujourd’hui dans le commerce de proximité, en France.
Un « bas jarretelle » est, pour moi, un bas… tout court. Il s’agit d’un bas qui nécessite des jarretelles pour tenir bien en place. Je ne pense pas me tromper en disant que les vrai bas 100% nylon ne peuvent, compte-tenu des caractéristiques techniques du nylon, n’être que des bas de ce type.
Un bas RHT est un bas dont la pointe et le talon sont renforcés. En pratique, tout bas doit, par définition, avoir la pointe et le talon renforcé, seuls certains bas très bas de gamme ont la pointe collée, ceux-là, fuyez-les comme la peste ! Cependant, par abus de langage, on désignera par l’appelation « RHT » un bas qui n’est pas muni de couture.
Un bas couture est un bas dont l’arrière est muni d’une couture.
Un bas Fully Fashioned est un bas qui a été tissé à plat, avant d’être refermé par une couture qui court sur toute sa longueur. Pour des raisons techniques, il est impossible de réaliser cette couture mécaniquement : la finition d’un bas FF est toujours faite à la main, ce qui requiert un savoir-faire particulier. Ces bas sont fabriqués sur des métiers à tisser particuliers, fabriqués dans les années 50 pour ceux qui sont encore actifs. Il en reste aujourd’hui assez peu. Par construction, un bas FF ne contient qu’un type d’étoffe, soit de la soie (je pense que c’est très rare aujourd’hui), soit du nylon (le plus courant, si tant est que le terme « courant » puisse s’appliquer à un bas FF…).
Le nylon est une étoffe synthétique qu’on utilise depuis les années 1940 pour fabriquer des bas. Il a principalement remplacé la soie, beaucoup plus chère, pour cet usage, tout en offrant un résultat esthétique et un confort… particulièrement intéressants. Là aussi, j’y reviendrai. Le nylon est une fibre de la famille des acryliques. J’ai l’impression que le terme « nylon » est souvent utilisé pour remplacer le terme « bas », voire parfois « collant ». Sur ce site, le nylon désigne la matière, et uniquement la matière, quand je voudrai parler de bas fabriqués dans cette matière, je préciserai « bas nylon ».
Le nylon a remplacé la première soie synthétique, la rayonne, qui est obtenue à partir de la fibre de bois. Celle-ci était fragile et peu transparente, elle a été complètement remplacée par le nylon dès qu’il a pu être disponible en masse. La rayonne est toujours utilisée de nos jours sous le nom de « viscose », mais plus à ma connaissance pour fabriquer des collants ou des bas.
Le Lycra est une étoffe synthétique et une marque déposée (d’où la majuscule). Il donne de l’élasticité aux vêtements. Le nom général de la matière est élasthane.
Le denier est l’unité de finesse du fil pour les bas et collants. La plupart des bas et collants dans le commerce ont entre 15 et 20 deniers. En période de grands froids, on trouve des épaisseurs plus importantes, de mémoire j’ai vu jusqu’à 80 ou 100 deniers. Les bas très fins, portés en été, peuvent descendre entre 5 et 7 deniers. Il va sans dire que dans ces épaisseurs, ils sont très fragiles. Concrètement, un Denier représente un fil d’1g/9000m.
Si j’ai dit une bêtise n’hésitez surtout pas à me la signaler, je me ferai un plaisir d’apporter les corrections nécessaires.
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