J’ai commencé à écrire ici il y a environ 3 semaines maintenant, début décembre, parce-que j’avais besoin de poser tout ce qui me tournait dans la tête à ce moment là. Tout n’est pas encore écrit, loin de là, même si je ne sais pas exactement où je vais aller, ni comment. Aujourd’hui, je voulais m’inquiéter d’un changement que je sens venir, tout doucement. Mais avant d’aller plus loin, je vais évoquer un tour autre sujet : comment j’ai appris à nager le crawl.
Enfant, entre le CE1 et le CE2, j’adorais passer du temps en vacances chez mon cousin. Je n’évoquerai pas les occupations du matin, mais pour l’après-midi, ma tante nous envoyait systématiquement à la piscine – je pense qu’elle préférait gérer 4 enfants fatigués par une bonne séance de piscine le soir. Cette année-là, j’avais commencé l’été en sachant me déplacer en milieu aquatique standardisé, mais juste avec la tête sous l’eau, ça limite pas mal le champ d’action. Je ne sais pas comment il s’y est pris, mais un des maîtres nageurs a su m’expliquer comment passer ce cap. À la fin de l’été, je savais nager la brasse, et je demandais à ma maman de m’inscrire à la natation l’année suivante.
Cette natation, j’ai fait, en allant au bout de l’année. J’ai un peu solidifié les bases de ma brasse, mais par contre, pour les autres nages, pas moyen de m’y mettre : la tête sous l’eau, j’aimais pas, et j’étais mal synchronisé entre les pieds, les bras, la tête. Bref, pour le crawl, ça n’a pas voulu rentrer. Et ça a duré. Longtemps. Jusqu’à 22 ans passés !
Le changement à cet âge, c’est qu’un médecin m’avait recommandé de me muscler les genoux. Et la meilleure nage pour ça, c’est le crawl, la brasse n’est au contraire pas recommandée. Sauf que le crawl, je savais pas faire. Donc j’ai grugé : j’ai tenté une nage hybride, avec le battement du crawl et le mouvement de bras de la brasse. Cette espèce de truc a plus ou moins fonctionné, mais c’était mon d’être optimal. Après quelques longueurs j’ai fait une expérience inédite (pour moi) : remplacer le mouvement de brasse par une sorte de rotation des bras, avec la tête dans le prolongement du corps et une respiration sur le côté. Ça a fonctionné. Ça a même tellement bien fonctionné que c’est devenu ma belle favorite.
Bref, j’avais fini par apprendre à nager le crawl. Petit à petit, sans vraiment le faire exprès.
Retour dans le présent.
Il y a un mois et demi, j’essayais mon premier bas nylon, juste pour voir. Un bas dont je savais qu’il était trop petit pour moi, sans mettre de porte-jarretelles. Vraiment, pour voir. La légèreté et la douceur de l’objet m’ont donné envie de poursuivre l’expérience de manière un peu plus réaliste. La boutique EnVoile étant en cours de fermeture, elle n’était pas une option, j’ai cherché d’autres sites de vente et je suis tombé sur la Dame de France. J’y ai commandé mes premiers bas, je les ai essayés de nuit, ça m’a plu. Mais la nuit, ça n’était pas idéal, ce n’est pas une vraie expérience, c’est un peu gênant pour dormir et les bas s’abîment avec les couvertures – ça provoque des tensions anormales.
Donc je suis passé à un porter en journée. Aussi discrètement que possible, avec des chaussettes pour éviter que quiconque ne voie quelque-chose – à moins de repérer la marque d’une jarretelle sous mon jean, mais pour le coup le risque est faible, et il est probable que même si quelqu’un la voit, il ne l’identifie pas. Puis j’ai supprimé les chaussettes, ce n’est pas utile, ça ne rend pas les chaussures plus confortables, au contraire. En me disant que je me limiterai à porter des bas RHT, je ne pouvais quand-même pas porter des bas couture comme ça. Si…? J’ai fini par le faire avec mes Désirs. Puis avec les Havana… Tout doucement, l’assurance vient, mais d’autres envies aussi.
Jusqu’à présent j’étais très clair : je ne les porterai que sous mon jean, ou tout autre pantalon de ce type. Mais… avec le jean, il manque quelque-chose, les deux jambes gainées qui se touchent, le son du nylon sur le nylon… Envie d’une jupe longue, comme celle que je piquais parfois à ma première femme (ne lui dites pas, à ma connaissance elle n’en sait rien 😋), envie de chaussures – je ne peux pas m’empêcher de me dire que des escarpins babies ou salomé à talon assez large, ça doit être relativement confortable, ça peut être très joli en soi, et ça doit être à tomber avec un talon cubain… bref, je sens du mouvement dans mes envies, un besoin de pousser le travestissement… que je vais contrôler pour l’instant, je ne me sens pas capable de faire face aux conséquences sociales d’un coming out dans ce domaine. Pour l’instant, je ne crois pas en avoir la force.
Ce soir, les enfants veulent manger des lasagnes, elles cuisent tranquillement en attendant le retour de ma fille et sa maman…
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