Ces réflexions font suite à cet article. Si vous ne l’avez pas lu, faites-le sans traîner parce-que quand je dis qu’elles « font suite », ce n’est pas une vue de l’esprit.
De mon point de vue, le choix est vite fait : le confort du nylon, les sensations qu’il procure sont incomparables. Mais alors, pourquoi trouve-t-on en majorité des bas extensibles (quand on en trouve) ? Comment expliquer qu’ils se soient imposés quand ils sont arrivés sur je marché, si leur confort est tellement moins bon ? Eh bien, en fait… C’est plus compliqué que ça. Mais là, je vais devoir émettre des hypothèses, après tout, à l’époque, je n’étais pas là…
Une question d’offre
Première hypothèse : c’est beaucoup plus facile pour les fabricants et les vendeurs. Regardez par exemple le tableau des tailles de bas chez la Dame de France : ils proposent 6 tailles différentes pour les bas nylon, pour seulement 3 tailles pour les bas extensibles. Le tout pour couvrir la même gamme de clientèle. Exemple plus éloquent : Gio propose une dizaine de tailles différentes pour les bas nylon. Ce n’est pas tout à fait du sur mesure, mais on n’en est pas loin. Imaginez le cauchemar logistique : votre cliente réclame une taille 5½ qui est celle qui lui va le mieux, de votre côté vous avez du 5 ou du 6, mais plus l’intermédiaire…
Besoin de moins de références pour couvrir tout le marché, ça veut dire des chaînes de production plus simples, ça veut dire aussi gestion des stocks plus simples, du producteur au vendeur en passant par le grossiste ou l’importateur. Pour les fabricants et les distributeurs, le bas extensible est une panacée.
Une question de demande
Dans cette section je me place du point de vue des clientes. On a d’un côté un produit qui est certes confortable, mais qui l’est tout de suite beaucoup moins s’il n’est pas choisi parfaitement. Pour trouver le bas nylon idéal il vous faudra votre tour de cuisse, votre tour de mollets, votre pointure, votre longueur de jambe, et si le choix n’est pas parfaitement adapté le confort s’en ressentira immédiatement… Pour un bas extensible, votre taille et votre poids suffisent1, et le confort sera de toute façon correct – au pire, si vous choisissez un modèle un peu trop petit, il est extensible, non…? Et s’il est trop grand, bon, de toute façon, il s’adaptera, il est fait pour.
En outre, les clientes, contrairement à moi, sont habituées aux collants et aux sensations qu’ils procurent – celles d’un bas extensible ne doivent pas être trop éloignées, si on fait abstraction de la manière de le tenir en place, et de la sensation de nudité en haut des jambes. Cette hypothèse vaut bien sûr pour les nouvelles porteuses modernes, au milieu des années 60 le mouvement s’est fait dans l’autre sens. Au passage, certaines personnes ne l’ont en fait jamais fait.
Un autre point à prendre en compte pour les porteuses modernes, qui m’a été soufflé par l’une d’entre elles que je salue au passage, est qu’un bas en pur nylon n’est pas vraiment discret : il plisse, il bouge, une personne avertie et qui sait quoi regarder les repérera très vite. Certaines femmes, conscientes du phénomène, n’ont pas envie que quelqu’un puisse savoir ce qui se cache sous leur jupe. Elles préféreront donc pour les sorties ou le quotidien des bas extensibles, faciles à faire passer pour des collants, et réserveront éventuellement le nylon à l’intimité ou aux grandes occasions.
Une dernière explication, qui m’est venue à la suite de la lecture d’articles écrits par des personnes qui, elles, ont connu les années 60 : à l’époque, les jarretelles qui lâchaient et les bas qui se déchiraient parce-que trop tendus, ce n’était pas un phénomène rare – aidé par le fait que les jarretelles qui équipent les gaines sont en général très courtes et très larges, donc leur élasticité donnait très peu de marge. On retombe une nouvelle fois sur l’indispensable adaptation du matériel : un bas bien choisi, une jarretelle qui compense bien ses déformations, un porte-jarretelles qui tient en place sans inconfort. Il n’est pas sûr que, même à l’époque, toutes les porteuses avaient un matériel d’excellente qualité. J’ai testé les bas nylon trop petits, ce n’est clairement pas confortable. Du tout. Quant aux bas trop grands, quand c’est du nylon ils tournent, ils plissent, ce n’est pas agréable non plus.
Une question de fétichisme…?
Celle-ci n’exclut aucune des autres hypothèses : il faut peut-être un certain niveau de fétichisme pour apprécier l’inconfort relatif du nylon quand on a des produits plus souples à disposition. Il n’est pas impossible que j’en sois là, même si, sur ce sujet, je crains de ne pas pouvoir être vraiment objectif…
Le moment de conclure…
Mon avis, qui en tant que tel ne vaut pas grand-chose, est que le toucher, la douceur et la légèreté du nylon pur sont incomparables, tout comme l’est la danse de cette matière sur les jambes quand on la porte. C’est infiniment plus agréable que la sensation du lycra qui colle à la peau et suit tous les mouvements, auquel, d’une certaine manière, on ne peut pas échapper. Mais tout ça, je crois l’avoir déjà mentionné ici ou là ! Je ne peux qu’encourager toute personne habituée à l’extensible à tester, au-moins une fois, le pur nylon, ce n’est pas forcément plus cher et ça n’a rien à voir.
- quoique, je ne sais pas comment je me débrouille, à chaque fois que je consulte un tableau de tailles mon résultat est toujours pile sur une limite – et ce que je regarde pour moi, ou pour ma compagne… ↩︎

Laisser un commentaire