« Je me sens comme une pute avec ces machins »
Cet argument m’embête beaucoup, parce-que c’est un argument qui se tient. De base, pour une grande partie de la population, le porte-jarretelles est associé à la prostitution, ou à la pornographie. Peut-être parce-que c’est la situation où il est le plus visible – on pourrait ajouter le monde du spectacle pour faire bonne mesure, mais chacun sait que ce monde est rempli de personnes de mauvaise vie ! (le cliché est éculé, mais il a la vie dure et subsiste dans l’inconscient collectif)(et puis si je m’interdisais d’évoquer des clichés, je devrais supprimer la moitié de mon contenu).
Et pourtant, cette affirmation relève du sophisme – vous savez, l’histoire de « ce qui est rare est cher, un piano bon marché est rare, donc un piano bon marché est cher ». L’équivalent ici serait : « des prostitué(e)s portent des bas, moi je porte des bas, donc je suis prostitué(e) ». Il y a au minimum un petit problème. Mais même en sachant qu’il y a un problème, quand le sentiment est là, c’est dur de l’ignorer.
Mon avis, c’est que ce ressenti dépend de la démarche, et de l’habitude. Il me paraît logique d’avoir cette impression pour une femme qui va mettre des bas pour faire plaisir à son homme au lit et les enlèvera juste après l’acte (ou pendant, je ne juge pas, chacun fait ça quand ça lui plaît). Mais si elle s’imagine mettant un porte-jarretelles confortable et des bas sous une jupe pas trop courte avant de faire prendre leur petit déjeuner aux enfants et de les emmener à l’école1, le ressenti risque d’être un peu différent. Elle se sentira sans doute sexy, mais rien ne l’obligera à partager ce sentiment – ce texte de Dixden raconte sans doute une histoire imaginaire, mais elle peut aussi être vraie. Pour faire taire par avance toute critique affirmant que je ne saurais pas de quoi je parle, je rappelle ici qu’à part la jupe et l’impression d’être sexy, c’est précisément ce que je fais2. Et à peu près tous les jours3.
J’invite toute personne qui aurait des doutes à faire un tour sur les différents blogs que j’ai mis en lien, et à vous poser des questions sur ces dames qui partagent la vision de leurs jambes – et parfois un peu plus – avec vous. Je n’en connais aucune personnellement, mais je suis prêt à parier que si vous leur proposez de l’argent pour faire plus que regarder, elles sauront vous faire comprendre à quel point cette idée est déplacée. Vous pouvez aussi (re)lire cet article qui évoque des réflexions finalement pas si éloignées de ce thème.
Pour conclure, je vais emprunter les mots de Sandrine Raimbaut, qui est justement une de ces personnes : à un commentateur qui a cru malin de lui demander : « c’est combien ? » sous une de ses photos sur Facebook, elle a répondu : « pour vous, cher monsieur, je suis largement inaccessible ».
- tant qu’on y est, restons dans le cliché ! Ceci dit, on peut remplacer cet exemple par toute activité quotidienne banale, je laisse votre imagination compléter. ↩︎
- y compris le fait de faire prendre le petit déjeuner aux enfants, ma compagne ayant des matins difficiles ↩︎
- quand la météo le permet, bien sûr, par 30° dehors je ne porte pas de bas sous mon pantalon… ↩︎

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