Un groupe qui porte très bien son nom, en tout cas avec ses deux premiers albums. Je les ai finalement suivis pendant assez peu de temps, entre 1997 et 1999, ça représente 3 albums et un EP, qu’ils ont fait avec leur première chanteuse, Liv Kristine Espenæs. Celle-ci avait, quand j’ai entendu le groupe pour la première fois, quelque-chose de très spécial : elle était présentée sur la pochette comme soprano. Pas « chanteuse », « vocal » (lead ou backing), non, soprano. Ce mot un peu mythique (ma correction automatique proposait « lyrique », ça correspond assez bien à ce que je pensais à l’époque) qui désigne une vraie chanteuse, comme à l’opéra et aux trucs comme ça, je ne sais pas si vous vous rendez compte… (oui, j’étais jeune et inexpérimenté à l’époque).
Ceci dit, il n’y avait pas qu’une soprano. Il y avait aussi un chanteur, Raymond Rohonyi, adepte à ses heures, comme Liv Kristine, de théâtre shakespearien et de vieil anglais dont ils utilisaient les mots pour rédiger les paroles des chansons du groupe. Raymond chantait en voix grave (plus tard j’allais apprendre qu’on appelle cette technique « le grunt », le sien étant caverneux). Le groupe jouait donc sur cette opposition entre une chanteuse à la voix claire voire fragile, et un chanteur à la voix caverneuse. Il se dit sur leur page wikipédia qu’ils sont les premiers à avoir mis en place cette opposition qui allait être beaucoup copiée par la suite, je n’ai pas vraiment de raison de mettre en doute cette affirmation. C’est en tout cas un style dont vous entendrez encore parler dans cette rubrique !
Je l’ai dit, les textes, en général en anglais, montrent une forte influence shakespearienne : ils sont en vieil anglais, incluent parfois des passages plus joués que chantés (spécialement sur And When He Falleth, qui comprend un extrait du film Le masque de la Mort Rouge). Ils ont aussi sorti quelques chansons en allemand, comptant de nombreux fans dans ce pays.
Ils ont sorti leur EP après leurs deux premiers albums. J’ai encore acquis l’album suivants, mais l’ambiance gothique/ élisabéthaine qui m’avait séduite sur les deux premiers albums n’y étaient pas : Raymond, le chanteur, a profité du 3e album pour abandonner le grunt. Quant au 4e, le groupe commençait à se tourner vers l’électro et à introduire une imagerie plus cyberpunk, pas vraiment ce que je recherchais à l’époque.
Liv Kristine a quitté le groupe peu après le 4e album pour en fonder un nouveau avec son mari de l’époque : Leave’s Eye (qui existe encore, bien qu’ils aient depuis changé de chanteuse aussi). Le groupe a continué jusqu’en 2010, où ils ont fait un concert d’adieu (disponible sur YouTube) avant de baisser le rideau.
Theatre of Tragedy
Un premier album qui pose bien l’ambiance – on parle de gothique ? On est en plein dedans ! Par la pochette tout d’abord, qui introduit le thème de la rose, présente sur toutes les pochettes du groupe dans sa période gothique. Ici, on a la totale : deux roses croisées, une rouge et une desséchée, posées sur une pierre tombale aux ton désaturés. Nouveau musical ensuite : les rythmes sont lents, sur toutes les chansons, les riffs sont lourds, la batterie est présente sans être pesante, laissant les voix poser l’ambiance.
Velvet Darkness they Fear
On continue dans la même veine, à mon humble avis l’album le plus théâtral du groupe, et accessoirement celui par lequel je l’ai connu. C’est aussi le premier album que j’ai possédé où un chanteur chantait en voix saturée, il allait y en avoir beaucoup d’autres (même si, à l’époque, je n’étais pas encore tout à fait prêt).
La jacquette passe à la couleur, dominée par le violet, avec une femme au visage caché, allongée sur une banquette avec une rose à côté d’elle. Est-elle juste endormie ? La musique poursuit l’exploration du style « la belle et la bête », certains morceaux sont un peu plus rapides que sur le premier album mais pour ma part, j’avoue avoir un peu de mal à me souvenir si une chanson vient du premier ou du deuxième album. À noter la présence sur cet album du titre en allemand : Der Tanz der Schatten, qui deviendra un hymne du metal gothique.
A Rose for the Dead
Des enregistrements qui n’étaient pas prêts pour l’album précédent, quelques remix, et une version en anglais de la Danse des Ombres. On reste dans la continuité.
Aégis
Gros changement sur cet album : on conserve la rose sur la jacquette (c’est le dernier album original qui la montrera), mais comme je l’ai dit plus haut Raymond a eu envie d’explorer d’autres champs vocaux et a abandonné le grunt. Il chante donc en voix claire… enfin, il serait plus exact de dire qu’il murmure les chansons de cet album en voix claire, bien que basse.
C’est un album de transition, où le groupe commence à abandonner le style gothique pour partir vers d’autres sonorités. C’est aussi le dernier album dont les chansons utilisent le vieil anglais. Celui-ci est dédié à la femme, à son image, à travers quelques figures féminines réelles ou mythologiques. De mon côté, c’est le dernier album du groupe que j’ai écouté, il est sorti en 1998. Au moment de la sortie de l’album suivant j’étais passé à d’autres écoutes.
… et en musique ?
Il est important de commencer par le commencement, même si parfois on a envie de le prendre par la fin. Je vous propose donc une reprise de la première chanson du premier album, A Hamlet for a Slothful Vassal, par Liv Kristine en duo avec Raymond, dans un concert bien après la séparation du groupe. On a donc une chanteuse bien plus mature que sur ce premier album, à la voix moins fragile mais qui va toujours très bien avec la chanson – après tout elle a juste 20 ans de plus et une belle carrière qu’elle n’avait pas encore en 1995…
Petit bémol pour la qualité du son, pas extraordinaire. Par contre, pour le thème principal de ce site, Liv Kristine montre ici que le port d’un corset n’est pas un problème pour une chanteuse de metal !
Très contemplatif, le titre suivant n’est chanté que par Liv Kristine. À écouter au calme, si possible le soir… A Distance there is, dans sa version album (le morceau perd environ 3 minutes en concert).
Sur Velvet, je ne résiste pas au plaisir de partager And When He Falleth, qui présente notamment un dialogue entre une croyante et un non croyant – en réalisant l’exploit de ne pas prendre position dans ce débat.
J’enchaîne avec une chanson que j’aimais bien, à l’époque, et qui donne la part belle à la soprano : Seraphic Deviltry, en version album.
En concert, la piste suivante vous propose 2 chansons. On commence par Cassandra, sur Aégis, et on enchaîne avec Der Tanz der Schatten de Velvet… Deux chansons, deux ambiances très différentes.
Pour boucler la boucle, je vous propose une autre chanson de Aégis, Siren, une nouvelle fois chantée en duo par Liv Kristine et Raymond dans ce concert de 2016, donc hors groupe.
Pour terminer, je n’inclus pas la vidéo mais je vous donne le lien vers celle du dernier concert du groupeb sur YouTube, avec la chanteuse Nell Sigland qui a remplacé Liv Kristine après son départ. Le concert s’appelle Last Curtain Call, il a eu lieu en 2010, et c’est aussi le titre du dernier album du groupe avant sa séparation. Si vous avez aimé les quelques chansons du groupe que je vous ai proposées ici, et si vous avez une bonne heure et demie devant vous, n’hésitez pas à cliquer (ou à le rechercher sur votre plateforme de streaming favorite).

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