Tenir ses bas – La gaine

Si le corset est la pièce de lingerie féminine caractéristique de la Belle Époque, la gaine est celle des 30 Glorieuses – bien qu’elle ait commencé à être utilisée dès les années 1910, quand la rigidité du corset est devenue moins adaptée.

Publicité pour les gaines « Scandale », 1965

Comme le corset, la gaine a pour but de modifier la forme du corps – les anglophones parlent de « shape wear », littéralement « vêtements à forme ». Contrairement au corset, la gaine ne modifie pas vraiment la posture, elle n’est pas baleinée, son travail repose sur le type et la combinaison d’étoffes utilisées pour la confectionner. La gaine ne comporte pas de baleines, elle conserve sa position et fait son travail grâce aux tensions à ses extrémités. Par rapport au serre-taille, en dehors des différences de matières, la gaine descendra plus bas pour envelopper les hanches, là où le serre-taille se limitera à la taille.

Il existe différents types de gaines. Celles qu’on trouve le plus facilement aujourd’hui (parce-qu’on en trouve encore dans le commerce) sont munies d’une culotte et sont plus ou moins montantes. Je parle ici d’une gaine achetable sur un coup de tête, produite par un gros fabricant de lingerie. Si culotte il y a, vous ne pourrez pas l’utiliser pour attacher des bas, il n’y aura pas de jarretelles. Les gaines modernes munies de jarretelles sont les gaines ouvertes (en anglais, « open bottom girdles » ou OBG). Celles-ci sont non seulement munies de jarretelles, mais en plus l’usage de ces jarretelles est obligatoire. Si vous essayez d’utiliser une gaine ouverte sans y attacher des bas, elle va s’enrouler vers le haut et ne vous servira à rien. Sauf de prétexte à vous énerver, s’il vous en faut un. Mais si vous êtes en couple vous avez normalement une personne faite pour ça, inutile d’en rajouter !

Au temps où les bas étaient indispensables, la gaine était en concurrence avec le porte-jarretelles. La première était plutôt utilisée par les femmes mûres, ayant déjà subi une ou plusieurs grossesses, le second, plus léger, était préféré par les jeunes filles. Au vu de la longueur réduite des jarretelles et de la non-extensibilité des bas de l’époque, les gaines ont été responsables en leur époque de beaucoup de lâchage de jarretelles : un élastique très court a beaucoup moins de marge d’extension qu’un élastique plus long, d’autant plus quand il est très large, comme ceux qui équipent les gaines en général. De nos jours, la gaine, ouverte ou non, peut toujours être utilisée pour cacher quelques rondeurs disgracieuses, bien que ce ne soit plus un réflexe. On préférera sans doute mettre des collants qualifiés de « gainants » ou des culottes montantes. Ou passer des heures en salle de sport, dans la mesure où on a le luxe d’avoir le temps de le faire c’est peut-être plutôt bon pour la santé, à défaut de donner des résultats convaincants.

Point de vue pratique

Je me base pour cette section sur les informations partagées par Katie sur son site, je n’ai pas d’expérience personnelle avec une gaine, que ce soit à porter ou à voir.

Avec une gaine, comment gérer la culotte ?

Pour un porte-jarretelles la réponse est évidente : on ne fait pas ce qu’on voit sur les catalogues et on la passe au-dessus, ça sera infiniment plus pratique quand il faudra l’enlever – il y a plein de bonnes raisons d’ordre organique pour ça. Le problème de la gaine, c’est qu’elle enveloppe beaucoup plus, et qu’elle descend plus bas. Dans ces conditions, passer la culotte par dessus n’est clairement pas esthétique d’une part, et peut même être techniquement très compliqué. Du coup, il ne reste pas beaucoup de solutions : soit la culotte va sous la gaine, soit il ne faut pas en mettre du tout, selon votre préférence. Dans le cas où vous en mettriez sous la gaine, il sera nécessaire, à chaque fois qu’il faudra la baisser, de détacher vos jarretelles, et de les rattacher une fois l’affaire conclue. C’est un peu plus pénible, mais c’est un pli à prendre, avec un peu d’habitude ça ne doit pas vraiment poser de problème.

Si la gaine fait partie de la panoplie pin-up et de l’imagerie néo-burlesque, elle est plutôt vue aujourd’hui dans le grand public comme un « vêtement de grand-mère », et disqualifiée à ce titre. C’est à mon avis un peu dommage : d’une part nos grand-mères (ou arrière grand-mères aujourd’hui) savaient manier l’élégance à un point qui ferait pâlir d’envie bon nombre de personnes contemporaines. Et d’autre part, une gaine bien portée pourra toujours faire son effet, j’en veux pour preuve les photos qui illustrent cet article. En tout cas, elle conserve une solide base d’amateurs.

Je tiens à remercier spécialement le Boss, qui m'a autorisé à utiliser l'image qui illustre cet article - j'invite les personnes intéressées à la rechercher sur son site, je vous garantis qu'elle y est !
Je remercie aussi monsieur NylonPur pour ses photos qui, à mon humble avis, peuvent convaincre les plus sceptiques qu'une gaine bien portée peut être magnifique !


4 réponses à « Tenir ses bas – La gaine »

  1. Bravo une fois de plus pour la pertinence des propos. Je précise toutefois qu’il y aussi des gaines et des combinés (faire le distinguo) fermés portant des jarretelles. Ce sont les versions plus légères des combinés fermés du shapewear moderne sans attaches comme vous le précisez si bien.

    Merci encore pour votre expertise.

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    1. Merci pour la précision !
      Concernant l’expertise, je dois avouer que c’est un sujet sur lequel j’ai beaucoup appris d’une part à travers mes recherches personnelles, d’autre part à travers mes lectures et les échanges que j’ai pu avoir avec certaines personnes quand je préparais cet article : vous n’êtes pas tout à fait innocent dans cette histoire 🙂

      Merci encore pour votre soutien.

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  2. […] en photo sur Pexel. Je vous invite, si vous voulez en voir de très jolies, à aller consulter mon article de présentation plus détaillé sur le sujet […]

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