J’aime bien les trains. Même les trains de banlieue, ceux qui sont bondés matins et soirs, chaque matin et chaque soir, ceux que je suis obligé de prendre quand je vais travailler sur site, ailleurs. Ils sont une source inépuisable de rencontres. Pas forcément de discussions, cet usage s’est largement perdu, il est loin le temps où ma mère a construit des amitiés qui l’ont suivie toute sa vie en prenant tous les jours le même train. La vie moderne rend ce type de rencontres assez compliqué, on ne parle plus avec les gens, chacun est perdu qui dans son livre ou dans ses pensées (assez rarement), qui dans son téléphone. Mais ils nous donnent à voir des personnes dont on peut imaginer une partie de l’Histoire…
Je ne vais pas partir trop loin sur ce mode avec la dame dont je veux vous parler maintenant, ça serait je pense malvenu, je n’ai pas envie de pousser trop loin la spéculation sur sa vie. Malgré mon introduction, ce n’est pas en semaine que je l’ai croisée, mais dans un de ces trains du dimanche matin, ceux qui permettent aux familles d’aller faire un tour dans le centre de Paris, et aux personnes seules d’aller retrouver… quelqu’un. Un amoureux, un fils ou une fille ? Je ne sais pas, je n’ai bien sûr pas posé la question. Cette dame était relativement âgée, en âge je pense d’aller voir des petits enfants. Des yeux bleus, pleins de cette sorte de sérénité que seule accorde une vie bien remplie, des cheveux roux sous un fichu gris, un roux venu d’une teinture, ce n’était pas visible mais je soupçonnais cette couleur d’être naturellement un peu plus grise…
Gris, d’ailleurs, la couleur dominante de la dame. Du gris, et des teintes automnales. Gris, son fichu, je l’ai déjà dit. Gris, ses gants de cuir qui laissaient deviner des mains fines. Gris, son pardessus. Mais dessous, sa robe était plutôt dans des douces teintes automnales, un rouge un peu rouille, de l’orange, une robe en mousseline légère, une robe droite, toute simple, qui arrivait au niveau des genoux. Aux pieds, des petites chaussures bordeaux, à lacets, avec un talon très raisonnable, 4 ou 5cm. On aurait presque cru voir une souris, en version mignonne, comme cette petite Ernestine qui a su faire fondre le cœur de l’ours Ernest.
Et sur les jambes, une brillance, un voile léger, une transparence qui ne trompent pas. Portait-elle des bas ou un collant ? Dans tous les cas, il était fins, très fins, et ne contenaient pas de Lycra. D’autres femmes, ce jour-là, dans la même rame, en portaient. À côté de ces jambes, les leurs étaient bien fades !

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