Mon histoire de passe à une époque lointaine, dans un pays qui ne l’est pas moins. En ce temps là, chaque année, au moment le plus froid de l’hiver, quand le soleil hésitait à revenir et que la lune avait disparu, un monstre venait chez les hommes. Ceux-ci avaient essayé de l’empêcher de venir, mais il brisait les murs les plus épais. Ils avaient essayé de le tuer, mais leurs flèches ne faisaient rien de plus que l’énerver d’avantage. Ils avaient essayé de négocier avec lui, et là ils avaient obtenu leur premier succès : en échange de 10 jeunes gens par village, qu’il dévorerait dans l’année, le monstre accepta d’arrêter de ravager leurs réserves et de tuer aveuglément tous ceux qu’il rencontrait. Bien sûr, il se trouvait dans les villages des personnes mécontentes de cet accord avec le monstre, mais que pouvaient-elles faire ? Il était tellement formidable que les hommes n’étaient tout simplement pas de taille à lutter, il leur fallait donc s’incliner.
Il advint qu’une année, une petite fille vit sa grande sœur partir pour le tribut du monstre. Elle aimait tendrement sa grande sœur, mais il n’était pas question pour elle de l’accompagner, bien sûr, elle était trop jeune, et elle était tout ce qui restait pour ses parents. Mais elle fit ce que personne, jusqu’à là, n’avait pensé à faire : elle posa des questions. Pourquoi, depuis quand, jusqu’à quand…? Bien évidemment, les adultes, même les plus anciens, ne purent pas lui répondre, la venue du monstre se perdait dans la nuit des temps, plus personne ne se souvenait du temps d’avant. Elle essaya de questionner les dieux du foyer, qui souvent rendent visite aux hommes pendant cette période, sans rencontrer plus de succès : il semblait que personne, homme ou dieu, ne pouvait lui répondre dans sa petite vallée… Alors, elle fit un balluchon avec quelques affaires : un gâteau de riz, sa poupée de paille, et une nuit, elle partit.
Je vais beaucoup vous décevoir après cette courte introduction : je ne sais pas vraiment ce qui se passa pendant son voyage, mais je sais qu’elle en revint plus grande, plus sage, et avec une connaissance nouvelle. Et dans ce qu’elle avait appris, il y avait deux choses très importantes au sujet du monstre : il détestait les bruits violents, et la couleur rouge. Il les détestait tellement que s’il y était confronté il s’enfuyait en oubliant toute idée de s’en prendre aux humains ! Cette année-là, quand le monstre arriva, il eut une double surprise : non seulement le troupeau de personnes qui lui était destiné était tout vêtu de rouge, mais en plus quand il arriva, plutôt que s’incliner devant lui comme le voulait la coutume, ils lui jetèrent à la figure d’abominables petits bâtons qui firent un bruit épouvantable ! C’en était trop pour lui, il partit sans emmener son sacrifice.
Depuis ce jour, chaque année le monstre revient, espérant que les Hommes ont oublié. Et chaque année il est chassé par ce qu’il déteste le plus : des inscriptions rouges sur les maisons, et des gens habillés de rouge qui lui jettent des pétards à la figure. Alors, il repart piteusement… cependant, cette fuite du monstre a quand-même un prix : s’il n’emmène plus de jeunes gens avec lui, il emmène un petit peu de la force de chacun : depuis ce temps, une fois qu’ils ont atteint la force de l’âge la peau des humains commence à se rider, et chaque année elle se ride un peu plus, chaque année leurs cheveux blanchissent, jusqu’au jour où, trop faibles, ils s’en vont eux-même rejoindre le monstre dans son pays. Ce qui leur arrive là-bas, nul ne le sait, car nul n’en est jamais revenu.
La dragon de bois nous quitte ce soir, le serpent de bois vient prendre sa place. Bonne année du serpent !
Ce texte est librement inspiré des légendes chinoises autour du monstre “nian”, qui est lié au Nouvel An. Il n'est pas impossible que je poursuive le fil du conte, mais là je manque de temps pour rédiger les détails, je préfère donc une lâche élision à un texte médiocre.
L'image d'illustration a été générée avec l'IA de Bing.

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