Ce que je vais raconter ici va sans doute sembler complètement banal pour une femme. Mais croyez-moi, pour un homme, c’est un monde absolument méconnu, un peu comme les profondeurs des abysses ou la banlieue terrestre, sauf qu’il est tellement proche de nous qu’on ne le voit pas. J’ai fait récemment quelques courses, et je me suis acheté (entre autre) une jupe. C’est un peu émouvant, c’est ma première jupe à moi. C’est une petite jupe toute bête, noire, en coupe droite, pas moulante. Pas une jupe crayon non plus, mais trop longue pour être une mini-jupe : sa longueur la place entre ma mi-cuisses et mes genoux. Il est évident que je l’ai portée avec des bas, pour la première fois c’étaient des Cervin Tentation tenus par un Rétro Swing blanc. Dernier point, important : je ne suis pas sorti de chez moi. Ce qui ne m’a pas empêché de faire quelques découvertes !
Première surprise, une fois la jupe mise : ça n’en a pas l’air chez les autres, mais en fait, c’est plutôt court, je comprends ma mère qui, à l’époque où elle portait encore des jupes, se sentait mal à l’aise si elles lui montaient plus haut que les genoux ! En fait, le problème n’est pas tant la longueur quand on est debout, c’est plutôt quand on bouge. Exemple basique : l’escalier. D’un point de vue masculin, c’est extrêmement excitant, mais je pense que je n’ai pas été en mesure de monter des escaliers sans laisser à voir le haut de mes bas à un spectateur imaginaire qui me suivrait. Heureusement qu’ils sont magnifiques ! Ceci dit, je pense qu’avec les Dim Up, qui montent plus haut, ça aurait été un peu plus discret. Conséquence : j’ai adapté ma manière de monter ces escaliers, en serrant plus les jambes. Je sais bien qu’il n’y a que des chats autour de moi et qu’ils ne s’intéresse qu’à mon pouce opposable capable de leur donner leurs croquettes, mais ce n’est pas une raison pour faire n’importe quoi.
Autre point un peu surprenant : il est évident que je me suis assis. Et là, si je m’assois « en homme », c’est à dire, tout simplement : je pose mes fesses sur la chaise, la catastrophe n’est pas loin. Et attention, quand je dis « en homme », je ne parle pas d’écarter largement les jambes comme le font certains dans les transports, je n’appellerais pas cette manière de s’asseoir « en homme », mais « en goujat » (ou « comme un connard », mais j’ai quelques doutes sur le registre linguistique de l’expression, je ne suis pas sûr de pouvoir l’utiliser sur mon blog qui est plutôt grand public). Serrer les jambes est nécessaire (oui, je sais, il n’y a personne en face, mais je m’en fiche !), bien placer la jupe avant de s’asseoir aussi. Si je fais attention, j’arrive à garder mon revers pour moi, mais je dois faire attention, et cette attention doit être permanente. Croiser, décroiser les jambes ? OK, mais… attention, tu risques d’en montrer un peu plus que prévu ! Ceci dit, avoir les jambes croisées est un moyen simple, plutôt confortable et assez reposant de les garder serrées. Que voulez-vous, il m’a fallu tout ce temps pour découvrir la vie !
Il va sans dire que se baisser nécessite aussi une petite gymnastique pour préserver sa dignité et que, dans cette tenue, j’évite autant que possible de me mettre à quatre pattes pour chercher des trucs sous les meubles (de toute façon, je n’ai aucune envie de filer mes beaux bas !). Pour le reste, rien à signaler, je n’ai pas eu spécialement froid, pas vraiment d’autre inconfort non plus, bien au contraire : j’ai apprécié de pouvoir enfin libérer mes jambes, le pantalon, c’est bien gentil mais à force, on se lasse. Je pense clairement que ce n’est pas la dernière fois que je porte cette jupe — elle présente sur ma tenue habituelle l’avantage de me permettre de toucher mes jambes, voire mes jarretelles, et ça, forcément, j’adore ! Sans parler du plaisir de croiser et décroiser les jambes, je n’ai pas forcément appris à chercher le son du nylon mais j’aime quand-même l’entendre. À l’avenir toutefois, il me faudra en trouver une qui soit un peu plus longue : une jupe trapèze qui me descend en-dessous des genoux, je crois que c’est le type de modèle qui me conviendrait très bien !
J’ai plus tard essayé une robe un peu plus à ma taille que celles de ma femme, mais d’une longueur similaire à cette jupe : même problème quand je m’assieds. Note à moi-même : apprendre à évaluer correctement la longueur de ces vêtements directement dans les friperies où je les achète !

Répondre à Anagrys Annuler la réponse.