Mes poils et moi

Le visage d'un gorille

Une discussion tenue ailleurs m’a donné l’idée de développer un peu le sujet des poils. En tant qu’homme, ce n’est traditionnellement pas un débat,  c’est peut-être injuste mais notre société est construite comme ça. Ça commence à le devenir quand je me mets à porter des bas. J’ai répondu à la question des bas avec des poils, souvenez-vous, c’est une objection que j’avais considérée comme valide. Mais cet article était très général, je voudrais aborder ici le sujet de mon rapport personnel aux poils. Avec deux points de vue.

Précision en préambule : ce que j’écris ici concerne ma pratique personnelle, ce qui en fait une sorte d’article… personnel !

Les poils des femmes de ma vie

Pour commencer, mon rapport au poil féminin. Je ne me souviens pas de problèmes de poils chez ma mère, si elle a dû en gérer dans sa vie elle l’aura fait en toute discrétion par rapport à moi. Mais elle n’a jamais cherché à me cacher quoi que ce soit de la condition féminine, je me souviens notamment clairement l’avoir vue régulièrement changer sa serviette hygiénique quand j’étais tout petit, je pense donc encore aujourd’hui que si elle était discrète sur le sujet, c’est qu’elle n’avait rien à en dire. C’était un peu moins le cas avec mes sœurs, qui semblent avoir hérité plutôt du côté paternel sur ce point. Je ne crois pas avoir jamais discuté du sujet directement avec elles, mais j’ai gardé très clairement le souvenir d’un sujet au minimum pénible, au-moins tant que nous partagions le toit parental.

Quelques années après que j’ai quitté le domicile familial et le voisinage de mes sœurs, j’ai rencontré celle qui allait être ma première femme. Sa pilosité lui posait des problèmes. À elle plus qu’à moi, en fait : c’était peut-être lié à l’influence des femmes de ma famille, j’avais choisi de la prendre comme elle était, avec tout ce qu’elle avait. Et si elle devait avoir quelques poils aux jambes, j’en prenais mon parti. De son côté, elle était plus sensible sur le sujet, elle s’épilait spontanément une fois les beaux jours revenus pour pouvoir s’autoriser à raccourcir ses tenues. Est-ce que j’étais totalement honnête dans cette histoire ? Je ne sais pas, il n’est pas impossible que mon détachement sur le sujet venait du fait qu’elle le faisait sans que j’aie besoin d’en discuter avec elle, bien que j’aie un vague souvenir d’une « grève de l’épilation » de sa part à un moment ou à un autre… mais pas de souvenir de dispute liée à ladite grève, ni même de la raison qui l’avait poussée à une telle extrémité1. En fait, je ne me souviens pas de discussions sur le sujet, je ne crois pas lui avoir demandé où imposé quoi que ce soit, mais dans la mesure où il s’agit d’une ex, il est possible que son avis diverge.

Pour ce qui est de la femme qui partage ma vie actuellement, le poil n’est pas un sujet : ses cheveux sont très épais, mais sa pilosité est par ailleurs très réduite, elle a son origine ethnique pour elle sur ce point. Il n’y a donc rien à dire de son côté.

Et moi dans tout ça ?

Je suis un homme. Enfin… je crois. C’est en tout cas ce que disent mon état civil et certains éléments anatomiques que je considère comme relativement fiables. À ce titre, j’ai sur mon visage et sur mes membres ce que j’ai de moins en moins sur le haut de ma tête. Du côté du visage, j’ai longtemps alterné entre un bouc et rien du tout. Depuis quelques années j’ai découvert les joies de la tondeuse, je reste donc sur une courte barbe de quelques millimètres que j’enlève très rarement en entier. Oh, je crois que ma femme aimerait bien que je me rase, elle me le dit parfois2, mais elle respecte la façon dont je m’en occupe et ne va pas entrer en « guerre » contre moi pour que je le fasse.

Sur les jambes, la question a commencé à se poser quand je me suis mis à porter des bas : c’est tout de même plus joli sans les poils. Tant que j’en portais en cachette, il était hors de question de faire quoi que ce soit, ça aurait été un peu trop visible. Mais j’ai quand-même fini par en discuter avec madame, qui m’a donné son accord du bout des lèvres pour que j’en porte. Mais cet accord a été assorti d’une condition stricte : pas d’épilation des jambes. De son point de vue, cette petite fourrure que j’ai sur mes jambes est une sorte de preuve que, malgré ma manie, je reste un homme, je reste son homme. Je crois que si elle ne me l’avait pas imposée j’aurais fini par y venir, sans grande certitude sur la méthode — sans doute pas le rasoir, cet outil n’aime pas les courbes, or des courbes, sur des jambes, il y en a plein.

Quoi qu’il en soit, tant que je reste avec mon épouse — et je vous rassure tout de suite, il n’est pas question de changer quoi que ce soit à ma situation maritale, en tout cas pas à ma connaissance3 —, la question ne se pose pas, je lui ai fait une promesse que je tiendrai. Est-ce à dire que je n’ai jamais été tenté ? Permettez que je vous fasse une confidence : quand j’ai commencé à porter des bas, j’ai aussi commencé à me promener sur Instagram. J’y ai trouvé nombre de femmes qui y partagent des photos plus ou moins (dé)vêtues — pour quelques exemples, regardez les quelques comptes que je partage dans mes liens à droite.

J’étais, à l’époque, un peu perdu dans ma tête. La preuve : outre ce blog je tenais quotidiennement un journal papier, chose que je ne fais que quand je ne sais vraiment pas où j’en suis — pour vous donner une idée, l’occurrence précédente correspondait à mon divorce en 2008 — la dernière entrée est datée du 30 mars. En regardant ces photos, je ne voulais pas rencontrer ces femmes ou faire leur connaissance, je pense qu’elles doivent répondre à un certain nombre de sollicitations de lourdeaux et n’ont pas besoin des miennes en plus. À l’époque, mon plus cher désir était de pouvoir leur ressembler. Désir évidemment rattrapé par la réalité, le truc qui est toujours là quand on ouvre les yeux le matin : quoi que je fasse, je ne pourrais jamais être aussi jolie qu’elles… Depuis, j’en ai pris mon parti. Pas seulement pour une question de poils, mais aussi pour une question géométrique : vu la forme de mes jambes une couture parfaitement droite aurait l’air de travers, et vice-versa, c’est aussi embêtant que peu photogénique je pense. Sans bien sûr parler d’autres détails anatomiques qui diffèrent entre hommes et femmes. Enfin, là, je suis peut-être influencé par les images véhiculées par notre société machiste patriarcale !

… et donc ?

Je pense que les poils sont un sujet personnel, ou à la limite un sujet de couple où chacun a priorité en ce qui concerne sa propre pilosité : mon poil, mon choix. Si mon épouse avait des poils aux jambes, j’apprécierais sans doute qu’elle les enlève sans en faire une obligation pour elle : c’est à elle de décider comment elle veut gérer son corps, et l’image qu’elle veut renvoyer.

En ce qui me concerne, si j’étais seul aux commandes je tenterais d’enlever les miens, au-moins sur mes jambes. J’ai fait une promesse : je les garde. En définitive ce n’est pas bien gênant : je réserve la vision de mes jambes vêtues de nylon aux animaux qui partagent notre maison, c’est peut-être moche pour eux mais ils ne semblent pas vraiment s’en formaliser.

Pour vous remercier d’avoir lu jusqu’ici, permettez-moi de conclure cet article par une photo complètement hors sujet, un clair-obscur de NylonPur sur lequel, pour le coup, on ne voit aucune trace de poil, pour compenser la photo Pexels que j’ai utilisée pour illustrer l’article !

Photo NylonPur en noir et blanc d'une femme assise
  1. peut-être un moyen subtil pour me suggérer qu’il faudrait que je me rase le bouc ? ↩︎
  2. et comme elle me le dit explicitement et à voix haute (du genre : « ça serait pas mal si tu te rasais ! »), j’en déduis que le sujet est important pour elle ! ↩︎
  3. je crois que de toute façon, dans ce domaine, les hommes sont les derniers au courant… ↩︎


2 réponses à « Mes poils et moi »

  1. Mon poil, mon choix… voilà de sages paroles !
    Si chacun pouvait faire comme il en a envie sans que son voisin y voit une opportunité de critiquer… ce serai mieux ☺️

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    1. Je ne peux qu’être d’accord avec vous, et c’est un des fils conducteurs de ce site : d’une part expliquer, en me basant sur mon expérience, que porter des bas n’est pas dramatique, et d’autre part insister sur la nécessité du respect de chacun(e) : de ses choix, de son intégrité physique, de son intégrité mentale.

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