Étude de mode : le porte-jarretelles

Un article NylonPur que je ne saurais trop classer, je préfère vous le proposer à la lecture tel quel, si l'auteur original m'en dit plus à son sujet je mettrai à jour cette note... à moins qu'il ne le dise en commentaire !
En pratique, il ressemble à une sorte d'hommage à un site depuis (très) longtemps disparu. On a dit, mémoire du web...?
Les notes de fin sont de votre serviteur.

Le porte-jarretelles a été créé en 1876 par Féréol Dedieu… pour des raisons médicales. Vous en seriez-vous douté1 ? En effet, les jarretières posaient des problèmes de circulation du sang. Mais les femmes le jugèrent inesthétique et le boudèrent.

Ce sont les Anglaises qui l’adoptèrent à partir de 1893, lorsque les diktats de la mode imposèrent le corset qui s’ornait de jarretelles pour soutenir les bas. Mais c’est le grand couturier Paul Poiret, inventeur de la gaine à laquelle il ajouta aussi les jarretelles, que l’on considère comme le père spirituel du porte-jarretelles2.

En 1930, le porte-jarretelles, admirablement porté par Marlène Dietrich dans « l’Ange bleu », fait sa première apparition en scène. Le dessous prend le dessus, mais disparaît un temps avec les pénuries de la guerre.
Avec la libération, les Américains débarquent avec les bas nylon dans leurs valises… — Marcel Rochas crée la guêpière, Christian Dior lance la mode new-look et une nouvelle forme d’élégance qui ne peut se passer du « petit appareil » de Dedieu.

Les années 50 inventent le « sexy » et le porte-jarretelles connaît ses années de gloire. Il s’habille de soie, de dentelle et de couleurs. Il devient l’atour des putes, des dames comme il faut, des jeunes filles et même de leurs mamans.

Pendant les années 60, la mini appela le collant, plus yéyé et signe de libération (?). Quand vint la maxi, on conserva le collant, si pratique. Puis, last but not least, la montée du féminisme promut le pantalon comme manifestation d’émancipation. La traversée du désert du porte-jarretelles dura jusqu’à la fin des années 70.

La créatrice Chantal Thomas réintroduisit la lingerie sexy et sophistiquée… pour les bourgeoises. Les putes y étaient toujours restées fidèles. Les années 80 furent celles de la reconquête du porte-jarretelles et des dessous en général. Madonna les porte dessus. Les filles et les femmes voulurent être à la fois actives et sexy, voire provocantes. Les psychanalystes se penchent même sur ce symbole du désir pour déclarer qu’il est « une façon de morceler le corps de la femme pour le rendre moins effrayant aux yeux des hommes ». Je vous laisse juge …

Aujourd’hui, le porte-jarretelles cohabite avec d’autres dessous ; les femmes sont partagées à son sujet. Mais les hommes sont pratiquement unanimes. Quel mâle n’a pas craqué pour Emmanuelle Seigner dans « Lune de fiel », lorsqu’elle apparut vêtue, sous son imper, d’un porte-jarretelles, de bas, de talons hauts et rien d’autre ? Et enfin, pourquoi, lorsque les hommes se travestissent en femmes, à l’instar de Miguel Bose dans « Talons aiguilles » de Pedro Almodovar, cela commence-t-il toujours par un porte-jarretelles.

Il y a quelques temps3, disparaissait du paysage web sans explication le site « Psychotron Undertainement ». Une manière de rendre hommage à ses recherches jusqu’au-boutistes où l’humour côtoyait sans cesse le sérieux des propos.

  1. évidemment, si vous suivez ce site depuis quelques temps, vous le savez déjà ! ↩︎
  2. on retrouve l’information dans le livre de Lili Sztajn. ↩︎
  3. ce qui, 25 ans plus tard, commence à faire beaucoup de « quelques » ! ↩︎


2 réponses à « Étude de mode : le porte-jarretelles »

  1. Vingt ans plus tard… le porte-jarretelles est toujours là. Il a même regagné ses lettres de noblesse grâce à une génération de femmes jeunes qui l’adoptent sans préjugés aidés en cela par sa présence sur les scènes du burlesque, sur les podiums et dans le cinéma où il reste une valeur glamour et érotique incontournable. Cette génération de femmes n’a plus de référent générationnel (il faut tuer la mère ) s’est affranchie du regard des aînées féministes qui en faisaient une instrument d’asservissement au désir masculin. Techniquement il la gagné en qualité grâce à des corsetiers qui ont pris en compte que le port du bas pouvait être dissocié du seul moment de l’alcôve et s’exprimer dans la durée voire le quotidien. Il continue son chemin, lentement mais sûrement sous les jupes des femmes. Il incarne l’élégance, le raffinement et reste un marqueur fort de la séduction féminine.

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    1. Merci pour votre commentaire, qui fait une belle conclusion et mise à jour pour l’article !
      De mon côté, je le vois peu sous les jupes des femmes, ceci dit ce qui se passe sous les jupes des femmes avec qui je ne suis pas en couple me concerne finalement assez peu directement, et celle avec qui je suis en couple fait bien ce qu’elle veut ! Je vous rejoins sur la qualité de la corseterie actuelle, à partir du moment où on cherche un peu on trouve à des prix très corrects du très bon matériel, largement utilisable au quotidien, peut-être un peu parce-que des femmes, des utilisatrices, ont pris les choses en main. Comment se porte le secteur ? Je n’ai pas de relation assez proche avec un fabricant ou commerçant pour avoir une vue sur leur chiffre d’affaire, je me contente d’espérer qu’il ne va pas trop mal.
      C’est amusant : votre commentaire complète des réflexions que je me faisais hier dans la journée, qui sont restées limitées à un déplacement en vélo et n’ont donc donné lieu à aucun écrit ici, mais d’une certaine manière… on rejoint le thème de mon article de ce dimanche 😁

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