Étrange, nous sommes lundi et je publie un article avec un titre pareil, le lundi est pourtant le jour où je râle sur les réseaux sociaux, pas sur les bas ! Il se trouve que j’estime que ce titre est plutôt bien choisi, parce-qu’il correspond bien à la dispute (toute relative) que j’ai eue. Une fois n’est pas coutume, elle a eu lieu dans des commentaires sur YouTube, pour une fois que Meta n’est pas impliqué ça vaut le coup de le signaler !
La discussion s’est tenue sous la dernière vidéo de NylonPur, que je remercie au passage pour m’avoir permis de tenir cette discussion, je ne crache pas sur une idée d’article ! La vidéo en question est assez simple : on y voit une femme qui met un porte-jarretelles vintage et y attache ses bas. Que peut-on trouver à y redire ? Oh, de mon côté, j’y vois bien un petit problème, mais je me suis abstenu de le mentionner en commentaire bien qu’il me fasse l’effet d’un éléphant dans un couloir : la dame met son porte-jarretelles au-dessus de sa culotte. Je suppose que le but n’est pas de faire un cours sur la bonne manière de le mettre en place, mais plutôt de mettre l’objet en valeur. Dans ces conditions, c’est largement tolérable. Alors, que s’est-il passé pour lancer un débat enflammé ?
Il se trouve qu’un des commentateurs n’a pas eu ce type de retenue et a fait remarquer que l’angle de la jarretelle n’est pas exactement ce qu’il devrait être pour que l’ensemble puisse prétendre à la perfection. L’auteur de la vidéo lui a fait remarquer qu’il présente un porter “quotidien” comme des milliers de femmes ont pu le pratiquer de 1945 à 1965, rien n’y a fait, l’individu a cru bon d’affirmer que, et je le cite in extenso1 :
le plaisir des bas repose sur le raffinement, la délicatesse, le sens du détail, c’est un plaisir de fétichiste qui tend au rituel et à la perfection, pour les autres il y a le collant.
À titre personnel, au vu de ma pratique quasi-quotidienne, je sens dans cette réponse un respect presque religieux de l’objet — à ce titre, on peut littéralement parler de fétichisme —, mais aussi un élitisme dont je n’arrive pas à penser du bien. Permettez que je creuse un peu sur le sujet du fétichisme.
Le fétichisme
D’où puis-je me permettre d’en parler ? Je me qualifie moi-même de fétichiste, j’ai donc une certaine expérience du sujet. Est-ce suffisant ? Pas forcément, prenez par exemple un con (j’emploie ce mot dans son acception moderne qui désigne une personne d’une grande stupidité, et non dans son sens original). Bon, le con, il est con, c’est un fait. Mais est-ce que ça lui donne une légitimité pour parler de la connerie ? Pas sûr… Pour le fétichisme, c’est un peu pareil. Sauf qu’en pratique, le con va sans doute assez peu réfléchir sur sa connerie, alors que le fétichiste peut s’interroger sur son fétichisme. Et parfois reconnaître celui des autres. C’est à ce titre que j’en parle.
Mais en fait, ce titre est mal choisi : LE fétichisme, comme s’il n’y en avait qu’un ! En pratique, ça semble être l’opinion de ce monsieur, il se trouve que dans les commentaires de cette même vidéo, on en trouve plusieurs. Le sien, bien sûr, avec son exigence de perfection. Le mien ? Je ne crois pas l’avoir laissé transparaître donc il est hors sujet, permettez que je le garde pour la suite de l’article. Par contre, un autre spectateur s’est exprimé pour dire à quel point il est sensible aux bas, quand ils sont mis en place avec des gants en latex rose. Qu’en est-il des gants en latex bleu ? Des gants en soie ? De l’absence de gants ? J’avoue ne pas avoir posé la question, qui concerne avant tout ce monsieur et ses éventuelles partenaires. Si on est tout de même assez loin du bas parfaitement placé, on est bien dans un beau cas de fétichisme. Et pour quiconque se poserait des questions sur ce sujet précis, notez que si je ne le partage pas, cette idée de lier les bas avec les gants de ménage semble être assez partagée, je connais une blogueuse britannique qui en parle plus ou moins à longueur de billets.
Autre exemple de fétichisme lié (ou non) aux bas, celui des talons aiguilles. Pour ma part, si j’en apprécie l’élégance je n’en fais pas une condition sine qua non2, mais ce n’est pas le cas de tous les amateurs. La même chose s’applique aux bas à diminution : pour tel, ils sont les seuls vrais bas, pour tel autre ils seront jolis sans plus, et je suis sûr que pour certains ils ne présenteront pas le moindre intérêt — sans vouloir sembler méprisant je suis sûr qu’un certain nombre d’amateurs de bas ne connaissent même pas leur existence. Est-ce à dire qu’il faudrait leur recommander de changer de fétichisme et de se replier sur le collant ? Une telle injonction me semblerait inhumaine, après tout, ce n’est pas très joli, un collant ! Et surtout, s’il est possible de décider, dans une certaine mesure, de réprimer un fétichisme, je ne crois pas qu’en changer soit affaire de décision volontaire…
Mon fétichisme
Voici le cas que je connais le mieux ! Dans un monde idéal, mon épouse porterait presque quotidiennement des bas à diminution et serait capable de me faire la surprise d’une lingerie à la fois jolie et confortable pour les tenir. Bon. J’ai bien dit : monde idéal. C’est à dire que ce n’est pas le monde dans lequel je vis, j’ai bien la moitié pour m’accompagner mais elle ne partage pas du tout ce fétichisme avec moi. Quant à ma moitié précédente, après m’avoir promis qu’elle s’y mettrait “quand elle serait assez belle pour ça”, elle s’était mise à éprouver pour l’idée de porter des bas un dégoût profond. Suis-je à plaindre ? Je ne le pense pas : si mon épouse (actuelle) n’y connaît pas grand-chose sur les bas, elle a par ailleurs des qualités qui me la rendent infiniment précieuse, merci. Mais sinon, cette histoire de fétichisme ?
Mon fétichisme, c’est bien simple : je l’adapte à ma réalité. Ma femme n’aime pas porter des bas ? Dommage pour moi… mais si, un jour, elle décide d’en mettre, vais-je faire la fine bouche, lui faire remarquer qu’elle ne les a pas bien mis « parce-que vois-tu, soit tu les mets parfaitement bien, soit tu mets des collants, non mais oh » ? Je crois que ça serait, et de loin, le meilleur moyen pour qu’elle me plante là, qu’elle enlève le tout et décide de ne pas y revenir. Et vous savez quoi ? Elle aurait parfaitement raison ! Elle n’aime pas ça, je ne sais pas si elle finira par y prendre goût, dans tous les cas mon travail si elle y vient consistera à lui donner confiance en elle et en sa parure, à lui donner envie d’explorer, d’essayer et d’avancer sur ce chemin. Pour ça, le mépris n’est pas une option, l’indifférence non plus, me moquer de ses maladresses encore moins. Douceur, compréhension, écoute et, si et seulement si elle m’en demande, suggestions sont, à mon sens, les seuls moyens d’avancer. Un seul modus vivendi possible : sustine et abstine3.
Et dans le cas général ? Respect, toujours. On ne sait a priori rien du parcours ou de la pratique de la dame. Et quand on ne sait rien, on reste modeste et on ferme sa g…
Pour conclure, je propose aux personnes intéressées de visionner la vidéo en question. Vous pourrez trouver la conversation dont je parle ici dans les commentaires, vous devriez la reconnaître sans trop de problèmes.
J'ai décidé d'abandonner, pour l'illustration de cet article "presse" du lundi, ma classique image générée par IA. Après tout, sur Pexels, il y a pléthore de photos illustrant le sujet du journal, il y en a peut-être aussi sur la télévision ou tout ce qu'on trouve sur écran... je piocherai dorénavant dans ce fond là.
- tiens, pourquoi avons-nous l’habitude de souligner les locutions latines dans un texte en les mettant en italique ? Est-ce parce-que le latin est originaire d’Italie ? Ou alors ça permet de mettre en exergue une culture générale qui nous distingue du vulgum pecus…? Si vous avez la réponse, j’attends vos commentaires ! ↩︎
- vous pouvez sur ce point lire cet article ↩︎
- peut-être un peu exagéré… mais il rend assez bien l’idée je trouve ! ↩︎

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