J’aimerais pouvoir vous expliquer comment fabriquer un bon porte-jarretelles, en partant du choix des tissus et du patron à la réalisation. J’aurais bien envie d’essayer un jour, mais je crains que ma femme ne voie pas cette activité d’un très bon œil… Bizarrement, elle n’a pas trop d’objection au fait que je travaille le bois, il faudra d’ailleurs que je me mette à une bibliothèque que j’ai en projet depuis quelques temps pour notre salon. Pour le travail du tissu, elle semble trouver cette activité trop féminine, bien que tous les grands couturiers soient des hommes (vraiment…? Faudra qu’on en cause, de ce cliché !)… pour l’instant, je me retiens. Ce qui ne l’empêche pas d’apprécier que je sois capable de raccommoder au débotté le pantalon que mon fils doit porter pour un spectacle, il lui arrive aussi d’avoir autre chose à faire que des menus travaux d’aiguilles. Je vais donc ici me limiter à une partie que je peux maîtriser à peu près, souvent négligée et pourtant ô combien importante : la jarretelle. En réduisant encore mon périmètre : je ne vais pas vous parler de celles munies d’une attache par pince : je n’en ai pas dans ma garde-porte-jarretelles !
Définition
Une jarretelle, c’est quoi ? C’est, à la base, un ruban en général élastique muni vers le bas d’un système destiné à accrocher les bas. Du côté haut, si elle est amovible elle aura un système d’attache (pour y accrocher… le haut !), en général un crochet droit fixe. Si elle ne l’est pas elle sera simplement cousue.
Il est souhaitable qu’il soit possible de régler la longueur de la jarretelle, je vais détailler plus bas, il existe plusieurs solutions pour ce faire.
Réglage en longueur
On trouve deux systèmes principaux : le plus courant est basé sur des barrettes de réglage, comme pour les bretelles de soutien-gorge. Le plus courant, mais clairement pas le meilleur : on préférera à ce système ayant une assez mauvaise tenue en longueur celui qui est basé sur des pinces de bretelles. Là, une fois réglée, votre longueur ne changera pas.




Il existe un type de je jarretelles un peu particulier, qu’on ne trouve que sur certaines gaines. J’en reparlerai plus bas aussi, celles-ci se règlent simplement par le positionnement d’un bouton.
Attache

L’attache est constituée de deux parties : une pince souple, et un espace rigide dans lequel la pince viendra s’accrocher en prenant le bas au passage. Il arrive que cet espace rigide soit en plastique. Si vous rencontrez un tel objet, gardez votre calme, posez-le, prenez un air détaché et éloignez vous le plus loin possible : non seulement ces trucs risqueront de casser à tous moments, laissant la gravité reprendre ses droits sur vos bas, mais ils ne les tiendront pas correctement — même sans casser ils vont glisser —, et, horreur suprême, ils pourront même faire filer vos précieux revers. Bref, comme disait le vieux Gandalf, « fuyez, pauvres fous ! ».
Un détail souvent méconnu : la partie mobile de cette attache est souvent elle-même détachable. Ce qui tombe assez bien, si vos jarretelles ne sont pas amovibles il convient de l’ôter avant lavage — si elle est ornée d’un ruban (on l’appelle un pan, merci monsieur NylonPur pour l’information !) on pourra délicatement enlever celui-ci aussi. Ne vous inquiétez pas, sauf cas de sabotage manifeste à base de ciseaux bien affûtés, je ne crois pas qu’il soit possible que cette partie ne se rompe spontanément. Hmmm… on est en général sur du latex ou des matières plastiques souples, l’âge peut donc avoir un effet aussi : vérifiez cette partie si vous envisagez d’utiliser une pièce ancienne. En fait, vérifiez carrément toute la jarretelle dans ce cas, les élastiques ont tendance à mal vieillir. Je me rends compte que je n’ai pas dit que cette partie mobile peut se remplacer. J’imagine qu’il vous faudra une très bonne mercerie ou chercher en ligne, mais cette pièce peut s’acheter au détail, pour un prix modique.
Entretien
Sauf tache vraiment spéciale, pour laquelle je m’avoue incompétent, les jarretelles n’ont pas vraiment besoin d’entretien. En ce qui me concerne, quand elle sont amovibles je les détache de mes serre-tailles avant le lavage. Si elles ne le sont pas, je l’ai mentionné plus haut, il convient de détacher la partie souple de l’attache avant de passer à la bassine. Je ne parle pas de lave-linge, c’est à dessein : il s’agit de linge délicat qu’il convient de laver à la main. Une bassine, un peu de savon, c’est rapide et efficace.
Est-il utile de vous expliquer comment gérer le séchage ? Ayez recours à des méthodes naturelles : vent et soleil feront très plaisir à vos voisins, mais ça séchera très bien en intérieur aussi si vous préférez la discrétion.
X, Y et Z
Aïe… Aïe aïe aïe… Je voulais mentionner un type de jarretelles un peu particulier, que tous les commerçants sérieux proposent, mais il se trouve que de mon côté je ne les ai pas essayées, je pourrais donc difficilement vous en parler, que ce soit en bien ou en mal : les jarretelles en Y (on dit aussi en V). Vous pouvez oublier le X et le Z. Enfin, si vous voulez les mettre en X, libre à vous mais j’ai quelques doutes sur le résultat, quant au Z il me semble physiquement… compliqué. Restons-en au Y, si vous le voulez bien.

Une jarretelle en Y est une jarretelle qui a un point d’attache côté porte-jarretelles, et deux points d’attache côté bas (ce qui fait un A un peu modifié plutôt qu’un Y, mais on ne va pas chipoter !). À ce jour ces jarretelles sont pour moi une curiosité commerciale, elles sont souvent vendues en option, je suppose qu’elles fournissent un maintien correct, par contre il faut mettre en place deux fois plus d’attaches — petite nuance : avec des jarretelles amovibles, rien n’empêche de mélanger jarretelles simples et jarretelles en Y. On a aussi deux fois plus d’attaches qui nous rentrent dans les cuisses quand on s’assied, en plus de l’anneau métallique qui tient les attaches. En bref, assez joli mais à vue de nez mais peut-être un peu pénible. Ceci dit, porter un bas à diminution et avoir la jarretelle qui fait un Y autour de la couture au-dessus de l’œillet, ça doit faire son petit effet !
Pour résumer : un objet fétichiste par excellence. En tant que tel, on aime, ou on n’aime pas, il n’y a pas lieu de juger. Attention : pour pouvoir utiliser ces fameuses jarretelles, il faudra un dispositif sur lequel elles sont déjà montées, ou un dispositif à jarretelles amovibles. Et ne pas oublier que ces jarretelles, du fait d’un système un peu plus complexe que les jarretelles classiques (en I, il faut suivre !) auront tendance à être un peu plus longues. À prévoir en choisissant les bas !
Accidents — la rupture
Soyons honnête, les accidents arrivent, c’est une évidence ! Il est bon d’y être préparé·e. La gravité de l’accident dépend de sa nature et du nombre de jarretelles de secours. Cette section se prêterait bien à l’usage de statistiques détaillées, je doute malheureusement que l’INSEE se soit penché sur le sujet qui a pourtant, à mon humble avis, est bien plus intéressant que celui des comptes de patrimoine par branche. Je vais donc me contenter d’évaluations au doigt mouillé : les statistiques les meilleures sont celles que j’ai moi-même bidonnées !
Je pense que la rupture pure et simple d’une jarretelle doit être rarissime. C’est sans doute possible, si la jarretelle a passé plusieurs mois à l’extérieur, exposée aux éléments et surtout au soleil, ceci étant si un tel cas devait se produire je pense que l’état du porte-jarretelles serait suffisamment dégradé pour exclure toute idée d’utilisation sans une sérieuse restauration. Un risque lié à l’âge du porte-jarretelles…? Peut-être, sur ce point précis ma pratique est trop récente, aucun de mes porte-jarretelles n’a encore atteint un âge suffisamment vénérable pour pouvoir prétendre à la retraite. De toute façon, au vu de l’état de mes finances personnelles cet âge augmente chaque année donc ce n’est pas gagné pour eux, je ne manquerai pas de vous tenir au courant !
Un souci qui peut arriver si vous n’avez pas suivi le conseil que je vous ai donné au chapitre précédent : la rupture d’une attache. Je ne crois pas la chose possible avec des attaches en métal, mais elle arrive avec du plastique. Et quand ça arrivera, vous aurez un joli truc un peu pointu, engagé dans le revers de votre bas, et sur lequel, pour cause de gravité, votre beau bas va naturellement tirer. Le résultat sera direct et sans appel : à la rupture de votre jarretelle succédera la destruction de votre bas par le haut. Pas cool. Je vous ai déjà dit d’éviter ces trucs comme la peste…?
Accidents — le décrochage

Risque plus fréquent : une jarretelle qui se détache du bas. Deux raisons peuvent expliquer ce problème : soit elle a été mal attachée, soit l’attache est de mauvaise qualité — dans ce deuxième cas, ça signifie que vous n’avez pas suivi mon conseil et que vous n’avez pas couru assez loin (voir plus haut), mais vous avez eu de la chance qu’elle ne se brise pas simplement (voir plus haut aussi, mais moins haut qu’avant). Quant au fait de l’attacher correctement… il convient d’y faire attention, tout simplement : la jarretelle doit être bien engagée dans le bas. Petit détail qui n’en est pas un : si votre bas est à diminution, votre jarretelle arrière ne doit SURTOUT PAS aller dans l’œillet1, c’est une zone fragile qui a besoin que vous en preniez le plus grand soin. Juste au-dessus si vous avez la place, ça sera parfait.

Troisième cas : une jarretelle trop tendue peut sauter naturellement. Essayez de faire attention au réglage au moment de la mise en place, vous réduirez le risque et l’ensemble sera beaucoup plus confortable — porter des bas trop courts par rapport à la longueur de vos jarretelles, ce n’est vraiment pas confortable. Et oui, là, j’en ai fait l’expérience, je le mentionne dans cet article. Je me suis laissé dire que dans les années 50 cette situation était relativement banale, à l’époque il n’était pas rare que les bas soient un peu trop courts, ce qui pouvait poser problème avec les gaines dont les jarretelles sont très courtes. Si vous essayez le port des bas et que vous avez des problèmes de longueur, sachez simplement que ce n’est pas une fatalité…
Autre accident possible (il fallait qu’ils fussent quatre !) : une jarretelle qui se détache par le haut. Si elles sont amovibles, ça peut arriver, mais là aussi le côté dramatique dépendra du contexte. Si votre tenue est longue (jupe, robe sous les genoux, pantalon), vous pouvez attendre le bon moment. Si vous portez une jupe courte, il sera sans doute nécessaire de la détacher le plus discrètement possible de votre bas, c’est l’idéal si vous pouvez vous le permettre, vous pourrez la remettre quand la situation vous le permettra. Et vous pourrez vous le permettre si vous en avez encore 2 pour tenir ce même bas, d’où l’importance d’en avoir au minimum 6 sur votre porte-jarretelles !

Pour la petite histoire, cet incident était arrivé à ma première femme, un jour où elle avait voulu me faire une jolie surprise : elle avait glissé son joli serre-taille Aubade sous sa jupe et ses bas Gerbe sur ses jambes, et nous étions allés faire nos courses. J’ai deviné ce qu’elle portait très vite, à son comportement à côté de moi dans la voiture, elle présentait une forme de timidité qui ne lui était pas coutumière. Problème : dans la galerie marchande du supermarché, une de ses jarretelles avant est partie… Panique, il fallait impérativement la remettre, tout de suite. J’ai donc dû la cacher du mieux possible (par une belle journée printanière je n’avais pas de grande veste permettant de le faire facilement) pour qu’elle puisse régler cet incident. Je dois vous avouer que je n’ai aucun souvenir de la fin de cette session de courses, mais je sais qu’elle ne m’a plus jamais fait ce genre de surprises… Est-ce que je vous l’ai déjà dit ? Pour les porte-jarretelles, évitez Aubade, c’est joli mais c’est cher et ça tient vraiment très mal ! Rien de personnel.
Cas particulier : la gaine vintage.

J’en ai parlé dans mon article de test d’une gaine : celles-ci peuvent être munies de jarretelles un peu particulières. En pratique, il s’agit simplement d’un élastique muni de trous pour passer un bouton. Le système est le même que celui de l’élastique de réglage des vêtements pour enfants :
À l’usage, je trouve ce système assez peu pratique, j’en ai aussi parlé dans l’article en question : les boutons sont sur la face intérieur du vêtement, le réglage des jarretelles arrière en est rendu un peu complexe. Mais il a un gros avantage : une fois en place, aucun risque que ça ne bouge. Enfin, sauf si elle saute complètement. Pour le coup, je ne l’ai pas dit, mais ça m’est arrivé aussi. Dans ce cas, vous risquez d’avoir un élastique qui tombe à votre pied… ou qui saute ailleurs, un peu n’importe où. Mais l’arrache restera en place sur votre bas, c’est déjà ça !

Compléments d’informations
Je l’ai évacué assez rapidement par manque d’expérience pratique, mais si vous voulez creuser le sujet des jarretelles en Y, le blog de la Dame de France propose un article complet. Qui sera clairement mieux renseigné que moi !
Les photos que j'ai utilisées pour illustrer cet article ont deux sources : j'ai eu recours à quelques photos NylonPur, j'ai aussi utilisé, pour une fois, quelques photos personnelles. Parce-que pour des détails sur une jarretelle qui n'est pas en action, j'ai ce qu'il faut !
Mes photos personnelles sont des photos prises avec mon téléphone, et revues avec l'application Snapseed.
Exception : la publicité Aubade que j'ai trouvée en ligne, le modèle est assez proche de celui qui a causé le problème que j'ai mentionné, à l'exception de la couleur qui était rose.
- on dit aussi « keyhole » ou « trou de serrure », mais je trouve cette expression fleurie bien plus jolie !
Dans la version initiale de l’article je parlais du revers. Il s’agissait d’un lapsus que j’ai corrigé suite à la remarque de monsieur NylonPur en commentaire, merci à lui ! ↩︎

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