Chemin de soie

Présentation

Il y a quelques mois, quand j’ai commencé à revenir dans le sujet, j’ai vu des objets qui m’ont laissé perplexe, des sortes de trucs un peu hybrides qu’on trouve maintenant chez plusieurs marques de lingerie plus ou moins grandes. En partie haute, il s’agit de porte-jarretelles tout ce qu’il y a de plus banal, des trucs avec des fanfreluches, de la dentelle, très « féminins », avec les jarretelles microscopiques qui sont en usage actuellement. En partie basse, ça se corse : ces machins viennent avec des sortes de jarretières, auxquelles sont attachées les jarretelles — qui sont parfois juste des rubans sans vraie attache. Ces jarretières peuvent être elles-mêmes de simples rubans, ou des trucs plus élaborés, avec de la dentelle. Les jarretelles fines, par 4, sont la règle sur ces objets, à l’exception pour ceux que j’ai vus du modèle proposé par Dita qui en propose 6, comme il se doit chez la marque.

Je ne vous cache pas que je me suis posé la question de l’intérêt de la chose : est-ce que cette jarretière a juste un intérêt esthétique ? Pour donner l’illusion visuelle d’un bas quand on voit le haut de la jambe, sans s’embêter avec le bas (de toute façon difficile à trouver) ? Pourrait-elle avoir un intérêt dans le maintien d’un vrai bas ? Après tout, à la base, une jarretière, ça servait à ça. Mais pourquoi la mettre avec un porte-jarretelles ? Dans ma tête, il y a un bug logique, du type de celui provoqué par le port d’un porte-jarretelles avec des bas autofixants. Ceinture et bretelles, je veux bien, mais si les bretelles sont bien choisies et de bonne qualité, pas besoin de ceinture (et vice-versa) !

Il m’a fallu un évènement un peu spécial pour en avoir un début de compréhension : j’ai eu l’occasion de voir de très près l’un de ces objets. Quand j’ai vu la chose, mon premier réflexe a été de me dire que ça ne devait pas être très confortable et que ça ne tiendrait jamais correctement des bas, les jarretelles ne sont, comme prévu, pas conçues pour ça. Le but est vraiment de donner l’illusion « graphique » du bas, sans s’embêter avec le bas. D’autant plus que dans le cas que j’ai rencontré, ça allait avec une sorte de jarretière en dentelles. Le résultat était joli, indéniablement, mais il manquait une chose importante : la matière sur la jambe. Un fétichisme est un phénomène complexe et complet, là, pour moi, il manquait clairement quelque-chose… je me dois toutefois de vous faire un aveu : j’ai gardé cette information pour moi.

Pourquoi ?

Bon, mais alors, l’intérêt du truc ? À mon avis il y en a plusieurs, si, si, à force de réfléchir j’ai fini par en trouver !

Le premier est de rendre utilisable un dispositif de maintien en réalité trop mauvais pour maintenir quoi que ce soit : s’ils sont incapables de tenir le moindre bas, pour un simple ruban, ça passe ! Ça permet donc de faire des porte-jarretelles tout pourris, mais qui restent utilisables. Dans une certaine mesure.

Le deuxième est pour moi le plus important pour celle qui le porte, même s’il y a de fortes chances pour qu’elle n’en ait pas vraiment conscience : bas mis à part, ça peut être un moyen de s’habituer aux sensations et à la gestion du porte-jarretelles. Avec un bémol : il n’y a  pas vraiment de tension dans ces machins, quand un vrai porte-jarretelles est une affaire d’équilibre entre le bas qui veut descendre et les jarretelles qui ne sont pas d’accord — un jour, ça peut être amusant d’écrire un billet sur la physique du porte-jarretelles, il faudrait que je revoie ce que le vieux Newton a dit sur le sujet ! Ce problème de tension peut se gérer avec les jarretières : si elles sont réglables autour de la cuisse il est possible, en les serrant un peu, de forcer un peu les jarretelles à travailler, à condition de les mettre plus bas que la partie la plus large de la cuisse. Le plus important à mon avis, c’est que les jarretelles y sont, c’est un bon début, ça permet d’apprendre notamment à gérer la culotte, tout en douceur, et de s’habituer aux sensations liées à la présence des jarretelles.

Je vois un autre cas d’usage, plus à la marge : l’envie de porter un porte-jarretelles sans mettre de bas. Soit qu’il fasse trop chaud (mais il existe des bas en 7Dn pour ça, vous seule savez que vous les portez !), ou pour toute autre raison, je ne juge pas. À la marge, j’ai dit.

À éviter…

Je vois aussi, à la réflexion, un cas de mauvaise utilisation. Ou plutôt, d’utilisation mauvaise à mon humble avis : il peut être tentant de porter ces choses au-dessus d’un collant. Avec un vrai arguments pour, mais aussi de vraies raisons qui font largement pencher la balance du côté mauvaise idée. Le point positif : on a l’aspect graphique du couple bas et porte-jarretelles, avec le pied nylonné, le fétichiste en moi applaudit. Sauf que, du point de vue pratique, on paie le beurre, l’argent du beurre et tout ce qui s’en suit, et on se retrouve juste avec le crémier pas content. Bref, on cumule : qui dit collant dit culotte en dessous (ou pas de culotte, chacune voit midi à sa porte), on perd un côté très pratique du porte-jarretelles. La jarretière tiendra moins bien sur un collant que sur la cuisse. Et quand il faut enlever tout ça, on a un beau casse-tête. Après, sur des photos, ça peut être joli…

Et placer le dispositif sous le collant ? Peut-être, c’est un peu plus utilisable et certains aiment les juxtapositions de matières — j’ai vu des gens réagir très fortement à un couple bas / porte-jarretelles portés sous… ou sur un collant. Mon avis personnel, c’est qu’il faut de tout pour faire un monde… même si parfois, on pourrait s’en passer aussi ! Quoi qu’il en soit, le côté pratique me semble, là aussi, plus que douteux : on s’éloigne d’un porter confortable au quotidien, qui a bien sûr ma préférence.

En bref : bonne idée pour un coup d’un soir, ça sera de toute façon mieux qu’un porte-jarretelles qui ne tient pas, s’allonge, tourne, etc. Bonne idée pour s’habituer en douceur, pourquoi pas avec des bas autofixants, en gardant à l’esprit que pour passer aux vrais bas il faudra investir dans quelque-chose de plus sérieux.  Mais n’attendez pas de ces porte-jarretelles un maintien confortable des bas (sauf éventuellement le modèle Glamcatcher de Dita) et surtout, surtout : ne les portez pas au-dessus d’un collant.

Galerie

Pour le plaisir, je vous propose 3 modèles que j’ai dégottés sur Glamuse. Je pense que le modèle Dita est capable de tenir proprement des bas, Isabelle Sweetginger avait d’ailleurs fait une série où elle le mettait en valeur, vous pouvez la trouver sur Instagram. Pour les autres, passez impérativement par la jarretière. Si elle fonctionne.

Les modèles de la galerie Glamuse sont :

• en bleu satiné : marque Bordelle, modèle Syra
• en vert avec dentelles noires : marque Dita, modèle Glamcatcher black olivine
• en vert tout court : marque Studio Pia, modèle Naga

Les photos d'illustration de cet article sont issues du site Pexels, sauf la galerie qui vient de Glamuse.
Mes abonnés par e-mail auront peut-être une impression de déjà vu : c'est normal, j'ai publié cet article par erreur la semaine dernière, dans une version moins avancée. J'ai depuis un peu revu le texte, et inclus les photos.