Imaginez que le texte qui suit est récité par un monsieur en blouse blanche, en début de quarantaine, avec une courte mais épaisse chevelure poivre et sel, des lunettes carrées et un stylo dans la poche de sa blouse. Le type des pubs de dentifrice des années 801. Vous l’avez ? On y va !

Mesdames, vous en avez assez de cette peau d’orange qui s’installe en haut de vos cuisses, qui vous nargue après des kilomètres de footing, des heures en salle de sport à suer sang et eau pour un résultat proche du néant ? Un produit existe qui, s’il ne la fera peut-être pas disparaître, la masquera d’une manière totale, définitive et absolue. Ce produit, c’est le nylon, à appliquer sous forme de bas autant de fois que nécessaire.
Je vous entends objecter : j’ai déjà des collants massants, gainants, lissants, et le résultat n’est pas terrible, pourquoi ce “nylon” ferait-il mieux ? Il fera mieux grâce à ses propriétés uniques : du fait que, contrairement aux produits sus-cités, le nylon est peu extensible et résiste à vos mouvements, il vous fournira un maintien unique. Là où la matière traditionnelle des collants suivra la moindre de vos formes, la moindre de vos imperfections, le nylon, lui, va les emballer, les lisser et les faire disparaître, donnant à votre peau un aspect doux et satiné du plus bel effet.

Je vous entends encore : oui, mais vous parlez de bas, ça veut dire que vous n’avez rien pour ce qui se trouve au-dessus, la peau d’orange y est aussi ! Vous avez parfaitement raison. Et oui, j’assume, je ne vous propose rien pour cette partie-là. J’ai une bonne raison pour ça : a priori les personnes qui pourront voir cette zone devraient être assez peu nombreuses. De deux choses l’une : quand ces personnes entreront en contact avec cette partie sensible, soit elles remarqueront vos imperfections, soit elles seront trop occupées par ailleurs pour y prêter la moindre attention. Notez que si elles les remarquent, sans vouloir encourager la moindre violence, leur tête devrait être bien placée pour une petite correction à coup de pieds. Si en plus vous portez à ce moment des escarpins à talons, soyez sûre que le goujat n’y reviendra pas2 !

Vous me dites encore : « oui, mais quand je vais les enlever…» ? Là aussi, vous avez raison : ces problèmes causés par cette vilaine cellulite seront à nouveau visibles quand vous les enlèverez. Il convient de ne les enlever que quand ces soucis n’en seront plus, c’est à dire quand vous serez la seule personne qu’ils vont intéresser. Faites-vous confiance, vous saurez mieux que personne reconnaître ce moment !
« Trop chaud pour porter des bas ! », c’est entendable quand le thermomètre approche les 40°, bien sûr3 ! Mais quand il est à des niveaux un peu plus raisonnables, les bas descendent jusqu’à 7 derniers, soit 7g pour 9km de fil. C’est fin. Très fin. Vous avez le maintien, et l’effet jambes nues, c’est très simple : on ne verra pas que vous portez des bas ! Quel intérêt, me demanderez-vous, et serez fondées à le faire ? Le même qu’un maquillage discret, qui est presque invisible mais souligne votre beauté naturelle : d’accord, on ne le voit pas, mais pourtant, il change tout !

… et sur la plage ? Alors là, c’est un peu compliqué… Le port des bas est possible, bien sûr, mais n’est pas forcément souhaitable en plein été, vous risqueriez de provoquer une émeute. Non, pour la plage, il n’y a qu’une solution : la salle de sport, ou les kilomètres de course à pied. Non, en réalité il y en a une autre, bien meilleure : acceptez-vous comme vous êtes, vous êtes belle avec vos qualités, et vos défauts ! Mais, à tout hasard, si l’occasion se présente, en dehors de la plage… essayez quand-même le nylon, vous ne serez plus simplement “belle”, vous serez magnifique !
J'ai changé un peu de fournisseur : pour cet article plutôt léger, j'ai choisi d'utiliser des pubs anciennes pour des bas. L'image d'illustration de l'article est une publicité pour la marque Scandale, qui à l'époque commercialisait des gaines et des bas. L'ensemble des images viennent du site de la BNF et sont tirées des numéros du magasine Elle qui y sont disponibles, elles sont toutes tirées de numéros de 1954.
- la raison principale pour « le monsieur » : en pratique, une femme ne me dérangerait pas, surtout si elle porte la blouse blanche, un stylo dans la poche, une étiquette avec son nom dessus et des lunettes — après tout, il n’y a rien de plus sérieux qu’une personne en blouse blanche avec des lunettes, un stylo, et le reste. Mais dans les pubs des années 80, si mes souvenirs sont bons les femmes n’étaient expertes qu’en lessive ou vaisselle, pour entrer dans le style il me faut donc un homme. ↩︎
- je n’encourage pas la violence, mais dans certaines circonstances, une correction peut s’imposer. Messieurs, vous êtes prévenus : ne soyez pas des goujats ! ↩︎
- moi non plus, je n’en porte pas actuellement… mais j’ai une excuse : quand j’en porte, je les mets sous un pantalon. Et pour le coup, il fait vraiment trop chaud pour ça ! ↩︎

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