Musique de vieux !

Affiche du concert d'Iron Maiden — tournée "run for your lives tour", 2025

Les temps changent ! Dans ma jeunesse, en Alsace, ce qu’on appelait « musique de vieux » était principalement représenté par ce style subtil qu’on appelait aussi par ailleurs « oumpapa ». Je pense qu’il s’agit d’un terme plutôt local (mais si il est utilisé ailleurs en France, n’hésitez pas à me le faire savoir !), qui désigne une musique orchestrale jouée par des petites formations dans laquelle l’accordéon a une place de choix. Niveau musical, c’est assez proche du bal musette français, à cette différence près que les textes des chansons sont le plus souvent en alsacien, ou en allemand.

J’ai commencé en disant que les temps changent parce-que si le groupe dont je vais parler ne pouvait pas être considéré comme « vieux » à l’époque, je pense qu’en 2025, quand la personne la plus jeune sur scène a 65 ans (et le plus âgé approche les 70), on ne peut vraiment pas parler de jeunes… rendons-nous à l’évidence : j’ai parlé d’AC/DC la dernière fois, avec Iron Maiden je ne vais pas vraiment faire baisser la moyenne d’âge !

Le groupe

Petit point historique : le groupe a été fondé en 1975, ce qui veut dire qu’il est officiellement cinquantenaire, par son bassiste, Steve Harris. Celui-ci en est l’épine dorsale, en même temps qu’une des personnes responsables du son caractéristique du groupe, avec son picking de basse ronflante, bien présent dans le mix. Avec Harris se sont ajoutés un batteur, l’historique étant Nico McBrain qui a officiellement quitté le groupe en 2025 pour cause de problèmes de santé (un AVC qui l’a laissé paralysé d’un côté), 3 guitaristes qui se partagent les solos et la rythmique, et un chanteur qui, sur certaines tournées, était aussi le pilote de l’avion du groupe (rien moins qu’un 737, puis un 747 à la tournée suivante). La formation actuelle du groupe est très proche de celle des années 80, avec un guitariste en plus. Et il ne faut pas oublier d’y inclure Eddy, leur mascotte, une sorte de zombie dont la tenue dépendra de l’ambiance de l’album.

En 50 ans, ils ont sorti 17 albums studio et un certain nombre d’albums live. Une des raisons de leur “faible” productivité (en moyenne, un album tous les 3 ans seulement) réside dans le temps passé à tourner. Difficile de dire combien de tours de la Terre ils ont fait, mais en gros ils tournent plus ou moins à chaque fois qu’ils n’enregistrent pas. De mon côté je les ai vus sur scène deux fois, les deux fois avec ma chère et tendre : pendant leur tournée de 20111 et cet été, en 20252. 14 ans séparent ces deux concerts, on les voit sur leurs visages mais leur jeu de scène n’a pas pris une ride. Je doute d’attendre 14 nouvelles années avant d’aller les revoir, ils ne seront peut-être plus là…

J’ai failli oublier : il me faut mentionner la “New wave of British heavy metal”, qui est le mouvement auquel le groupe était rattaché à ses débuts, même si le côté « New » n’est plus trop à l’ordre du jour. C’était un mouvement de renouveau du genre metal qui a démarré à la fin ces années 70, après le (relatif) déclin des grands anciens (Led Zeppelin, Black Sabbath). Iron Maiden est un des groupes phares de ce mouvement, accompagné par Saxon, Diamond Head, Def Lepard… et beaucoup d’autres. Tous les groupes de heavy, trash, speed metal des années 80 et 90 s’en sont inspirés de près ou de loin. Ça fait du monde !

Concernant ce concert des 50 ans, il se concentrait sur des titres plutôt anciens, le plus récent étant sorti en 1992, juste avant le départ temporaire de leur chanteur iconique (il est revenu en 2000). Anecdote amusante (enfin… moi, elle m’amuse !), la moitié des titres qu’ils ont joué ce soir-là étaient sortis sur des albums plus âgés que ma femme, qui était à mes côtés.

Le concert

J’y suis allé le 20 juillet à 18h. Enfin, ça, c’était le début officiel. La première partie était assurée par le groupe suédois Avatar, dont le chanteur a réussi à bien mettre l’ambiance pendant les 45 minutes de leur set. Iron Maiden a pris la suite. Gros changement par rapport à leur concert précédent : une grande toile recouvrait le fond de la scène, sur laquelle étaient projetées des images en lien avec le titre en cours. Projection incluse dans le spectacle, j’y reviendrai. Autre changement, plus personnel : en 2011 ma femme et moi avions des places assises, cette fois-ci, nous étions dans la fosse. Ce qui veut dire que je l’ai régulièrement soulevée pour lui permettre de mieux voir (son 1m65 est un peu léger dans ce contexte), mais elle a apprécié l’ambiance !

Quelques photos

The ides of march / Murder in the Rue Morgue (1981)

Le premier titre commence comme une plongée dans une rue de Londres bourrée de références à l’album Killers, le deuxième du groupe. Il s’agit d’un titre instrumental, qui ouvre le même album. Il n’était pas joué en direct sur scène, mais il posait l’ambiance.

Le groupe est arrivé sur scène pour le deuxième morceau… et pour nous assener les titres suivants. Avec une vidéo prise depuis le public pendant cette même tournée.

Wrathchild (1981)

Une des premières chansons du deuxième album du groupe, à l’origine chantée par Paul Di’Anno (qui a quitté le groupe peu après, et notre monde il y a quelques années). Une chanson dont la principal intérêt à mon sens est de bien simplement poser les bases : elle commence par un solo de basse, que les guitares viennent accompagner. Ce schéma sera assez courant pour le groupe.

Je vous propose un enregistrement plus ancien… mais pro.

Killers (1981)

On reste dans ce deuxième album avec le titre qui lui a donné son nom, et sa pochette (un Eddy menaçant, tenant à la main une petite hache ensanglantée, reprise sur le décor de scène dans la vidéo).

Phantom of the opera (1980)

Un des premiers longs morceaux du groupe (plus de 7 minutes, pas sûr qu’il soit sorti en 45 tours, celui-là !), et pour cause, il est sur le premier album. Rien en commun avec la chanson éponyme de Nightwish, on est ici sur un titre original, avec de fréquents changements  aussi bien rythmiques que mélodiques. Où le groupe montre que ce n’est pas parce-qu’on joue du metal, musique réputée juste bruyante, qu’on doit le jouer de manière simpliste.

The Number of the beast (1982)

Vous vous en doutez : un groupe de cet âge a forcément des classiques. Bon, ceux-ci composent toute la set list de ce concert, mais même chez Iron Maiden, il y a classique et… Classique. Assurément, The Number of the Beast est l’un de ceux-là. Pas seulement parce-que son titre est aussi celui de l’album éponyme, le 3e du groupe. Pas non plus parce-qu’il a valu au groupe des accusations de satanisme — pensez donc, le morceau commence par une lecture d’un verset de l’Apocalypse de Jean, livre qui clôt la Bible, et l’album est illustré par un Eddy marionnettiste qui manipule un démon, qui lui-même manipule un humain. [Si ça, c’est pas une preuve d’accointances occultes, je ne sais pas ce qu’il vous faut !] Non, c’est juste un titre que n’importe quel fan reconnaîtra immédiatement en entendant les premières notes. Bon, j’exagère : ça commence toujours par la citation de l’Apocalypse, en fait c’est trop facile !

The Clairvoyant (1988)

Album plus récent, album plus expérimental, et accessoirement un de mes albums préférés : 7th Son of a 7th Son. Le groupe y a exploré des titres longs, assez complexe, assez progressifs. Celui-ci est un des plus courts,  un autre viendra plus tard dans le concert.

Avec une vidéo pro, mais prise en 1992, la qualité n’est pas exceptionnelle…

Powerslave (1984)

L’album au décor égyptien, du meilleur effet sur le décor de scène, avec au passage une flopée de clins d’œil sur l’illustration qui ornait la pochette du disque, une chose est sûre : ce n’est pas de l’IA ! Sur la chanson, le narrateur se place dans les chaussures d’un pharaon qui se demande pourquoi son statut de dieu vivant ne lui épargne pas d’être soumis au pouvoir de la mort… finalement, une question universelle !

2 minutes to midnight (1984)

Un autre titre de l’album Powerslave, dont le titre a tendance à m’amuser : s’il commence à l’heure qu’il mentionne, il doit normalement se finir quelques minutes “after midnight”… bon, c’était la blague idiote du billet ! C’est d’autant plus dommage que le titre fait référence à l’« Horloge de la fin du monde », qui pendant la Guerre Froide comptait les secondes qui nous séparaient de l’Apocalypse nucléaire. Finalement, on va croiser les doigts pour que ces deux minutes ne s’écoulent pas…

The Rime of the Ancient Mariner (1984)

Si le nom de cette chanson vous rappelle un poème anglais de Samuel Coleridge, c’est normal, il s’agit d’une mise en musique de ce même poème. Oui, mais il est long, me direz-vous ! C’est sans doute pour ça qu’Iron Maiden en a tiré une chanson de près de 14 minutes. Poème bien sûr magistralement illustré à l’écran pendant le concert, superbe ! Niveau musical, le moment qui m’avait énormément marqué la première fois que j’ai entendu ce titre, c’est le long pont musical tranquille en plein milieu, et la longue remontée rythmique qui le suivait — il m’arrivait de passer juste cette partie sur ma cassette, c’est vous dire si j’étais motivé !

Enregistrement du superbe « Live after death » de 1985, vous n’aurez pas l’image du concert moderne, mais vous aurez l’ambiance de ma vieille cassette audio !

Run to the hills (1982)

Hommage aux Amérindiens qui ont dû fuir devant les colons européens. Attention au refrain, il est beaucoup répété pendant la chanson, donc il s’accroche dans la tête !

7th Son of a 7th Son (1988)

Titre de l’album éponyme, qui se base sur la légende disant que le septième fils d’un septième fils aurait des pouvoirs surnaturels. Un peu mystique au niveau des textes, un peu progressif au niveau musical, si vous trouvez qu’elle ressemble à The Clairvoyant dont on a parlé plus haut c’est normal, c’est le même album. On retrouve un pont similaire à celui de Rime of the Ancient Mariner.

The Trooper (1983)

Un autre Classique avec un grand C, je pense que celui-ci est incontournable en concert. Le groupe y évoque un poème de Lord Alfred Tennyson ayant pour sujet la désastreuse charge de la brigade légère britannique pendant la bataille de Balaklava, en 1854, une charge qu’on pourrait qualifier d’héroïque si elle avait servi à quoi que ce soit… mais n’a abouti qu’à l’anéantissement du régiment. Du coup, un autre mot me vient en tête, que je garderai pour moi. Iron Maiden en a tiré cette chanson, que Bruce Dickinson chante invariablement dans un uniforme rouge en brandissant un drapeau — en France, c’était le drapeau français. Avec un riff de guitares mythique, reconnaissable immédiatement.

Hallowed be Thy name (1982)

Flûte, encore un ! Cette chanson est la plus longue de l’album « The Number of the Beast », qu’elle conclut de fort belle manière, aussi bien au son qu’à l’image. Le groupe nous emmène dans les pensées d’un condamné à mort, pendant ses dernières heures, juste avant sa pendaison. « Que Ton nom soit sanctifié »… Bruce la commence dans une cage, il la finit pendu… mais heureusement il se relève à la fin !

Désolé, son de la salle…

Iron Maiden (1980)

Dernier titre de la première partie du concert, ironiquement un des premiers titres du groupe. Il allait faire une très courte pause, laisser sortir quelques personnes du public et revenir avec 3 autres Classiques !

Aces high (1984)

La Bataille d’Angleterre racontée par un groupe de metal. Encore un de mes titres favoris, et pas seulement parce-qu’il montre Eddy sous les traits d’un pilote de la RAF. Ses riffs sont diablement efficaces, bien sûr, mais celui-ci, je le rattache naturellement à un moment clé du conflit, où tout aurait pu se finir alors que ça venait juste de commencer. Et aussi, accessoirement, un de mes potes du lycée était tombé amoureux de ce groupe à travers ce titre.

C’est un détail : le titre commence par le discours qu’a tenu Churchill au début de cette guerre, quand il a promis qu’elle serait totale, et que l’Angleterre (à l’abri derrière la Manche, tout de même) se battrait partout, jusqu’à la victoire totale. À mon sens, un des meilleurs discours politiques du XXe siècle… ceci dit, je n’en connais pas des centaines non plus…

Ambiance « fosse » ici !

Fear of the dark (1992)

J’ai mentionné des Classiques. Celui-ci serait presque un Classique++ tellement il est iconique — c’est bien simple, s’ils ne l’avaient pas joué, je pense que ma femme aurait exigé un remboursement ! Le seul morceau pour lequel elle a tenu son téléphone au-dessus de sa tête tout du long ! Sur un sujet pourtant assez basique : à l’image, une promenade nocturne dans un cimetière. Mais bon, je vous présente une vidéo venant d’un autre live, pour vous permettre d’avoir un meilleur son…

Petit détail : il est de tradition que le public chante sur cette chanson. Dans le metal, on aime les traditions, celle-ci est respectée à la lettre !

Wasted years (1986)

De base, ce morceau n’est pas mon préféré. Mais il est important pour le groupe à cause de leur prestation quand ils l’ont joué pour la télé allemande : celle-ci exigeait du playback, le groupe n’aimait pas cette pratique, ils l’ont fait savoir — j’avais mentionné cette anecdote en passant dans cet article, avec un lien vers la vidéo en question. Clin d’œil pendant le concert : les guitaristes se sont un peu emmêlé les guitares. Sans, toutefois, pousser le délire aussi loin que ce qu’ils avaient pu faire à la télé — ce soir-là, il fallait tout de même jouer ! Dans la version que je vous propose, ils y vont plus doucement, ils s’échangent juste le micro.

Farewell

Pendant la sortie du public, la salle a diffusé, tranquillement, une autre chanson, dans un registre complètement différent. J’aime à penser que le groupe a eu son mot à dire dans le choix de cette chanson, que vous pouvez écouter et visionner ici, si elle vous intéresse. Elle fournira en tout cas un intéressant générique de fin pour cet article !

Les photos sont des photos personnelles que j'ai prises avec mon téléphone pendant le concert. Les conditions étant loin d'être idéales, je vous demande votre indulgence par rapport à leur qualité.
Quant aux vidéos, je préfère vous proposer ce qu'on trouve sur YouTube, ma femme a bien filmé Fear of the Dark mais...
  1. nous n’étions pas encore mariés, à l’époque ↩︎
  2. l’année où nous allions fêter nos noces de plomb — ce n’était pas fait au moment du concert, mais maintenant c’est passé. ↩︎


14 réponses à « Musique de vieux ! »

  1. On trouve aussi de la musique dite « Oom-pah » dans le Midwest des États-Unis, surtout l’État de Wisconsin, où il y avait plein d’immigrés d’origine allemande.

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    1. Ça doit être lié 😊
      Jeune, je trouvais ça insupportable, d’autant plus que mes parents semblaient apprécier. Aujourd’hui… ça me rappelle les fêtes de village (on les appelle messti, par chez moi). Mais pas au point d’en mettre sur mes listes de lecture classiques !

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  2. Trop top !
    Incontournable oui ! Oumpapa, ça fait vraiment longtemps que je n’avais pas entendu l’expression, dans mes souvenirs je pensais que c’était  »houla oumpapa » …
    Iron Maiden, c’était dans mes oreilles régulièrement dans les années 80… Mais plus certainement ce n’était qu’un seul album (number of the beast)…
    Je me suis refais quelques DVD de concerts récemment et c’est sur ça doit etre un truc de ouf en concert.
    Mais c’est clair que c’est plus pour moi… Le heavy des années 80 avait réussi à me libérer les oreilles. Le métal et le grunge, des années 90 m’avait enfin empli de bonheur, de Ministry, Sepultura, NIN, Marylin Manson, Godflesh… Et tant d’autres. Kurt Cobain et Nirvana ayant ouvert aussi une autre sensibilité.

    Ça reste que quand même un bon morceau de Iron Maiden, mine de rien ça donne la peche de bon matin.

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    1. Il faut dire qu’ils sont d’une efficacité redoutable ! J’ai moi aussi exploré d’autres horizons musicaux pendant les années 90/2000, en fait Iron Maiden était un groupe que j’écoutais de temps en temps, mais sans plus. Et pourtant, aujourd’hui, j’y reviens beaucoup plus facilement que sur Metallica, dont j’étais pourtant un grand fan à l’époque. Ou plutôt, j’enchaîne leurs morceaux plus facilement. Ce qui tombe bien, d’une certaine manière : en concert, ils restent à peu près accessibles, eux…

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  3. « oumpapa », nous avons la même réf 😉
    Nikolas Sirkis, 66 ans & Mylène Farmer 64 ans, j’écoute également de la musique de vieux !

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    1. Je ne considère pas Nico « la musique de vieux » !

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      1. (en réalité, je ne considère pas Iron Maiden comme étant de la « musique de vieux » non plus… mais peut-être que l’avis de mes enfants ne sera pas le même dans quelques années)

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    2. En pratique, c’est vrai de tous les groupes qu’on a adorés dans les années 80 et 90, s’ils sont encore en activité aujourd’hui.
      Pour la petite histoire, j’avais partagé une photo de ce concert sur la boucle WhatsApp familiale, quelques jours plus tard ma sœur a partagé une vidéo de Polnareff, qu’elle était allée voir à Colmar.

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  4. excellent article

    bonne journée

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    1. Merci Patrick, bonne journée à vous aussi

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