J’ai un besoin, une envie, je crois que j’en ai déjà parlé par ici : après avoir bien pratiqué les bas et ce qui les tient en place, j’aimerais essayer des chaussures qu’on aime à voir avec eux. Sans aller chercher dans les excès : pas besoin de Louboutin à talon aiguille de 16cm, ce qui me fait littéralement craquer, ce sont les escarpins baby ou Salomé, pour lesquels un talon large de 6cm maximum est parfait. Le talon large me semble être une nécessité : j’ai déjà porté des chaussures à talons, et j’ai réussi à me tordre la cheville. Et pourtant, le niveau de difficulté était au ras des pâquerettes : il s’agissait de chaussures entièrement, parfaitement masculines : mes chaussures de tango. Munies d’un vertigineux talon large de… au-moins 2cm ! Bref, je pars de loin ! Et de toute façon, je suis plutôt grand à la base : perchez-moi sur un talon de 10cm, et je devrai me baisser pour me promener dans ma cuisine1, c’est tout de même peu confortable !
Ce qui me pose problème avec ces chaussures : je ne suis pas seulement grand de taille, je suis grand de pieds. Mon 442 ne fait clairement pas partie des habitudes des fabricants dans les gammes féminines. Et d’ici à trouver ce que je cherche dans les gammes masculines, ça risque d’être difficile, nous ne sommes plus aux XVIIe et XVIIIe siècles, quand les talons étaient réservés aux hommes et les pamphlétaire se moquaient des femmes qui avaient l’idée saugrenue d’essayer de se montrer plus grandes qu’elles ne l’étaient en leur piquant ce viril attribut3 ! Non, les chaussures masculines sont d’une affligeante banalité, hors derby, richelieu, mocassin ou chaussures de sport, point de salut4 ! Je n’irai pas affirmer que ces messieurs ne portent aucune attention à ce qui leur habille le pied, mais depuis deux siècles, l’originalité a aussi déserté cette partie de leur habillement. Mais je crois que j’ai un peu perdu de vue mon objectif en envisageant des considérations oiseuses ! Voici venu le temps de délivrer la raison de ce billet, car non, il ne s’agit pas (seulement) de plaintes plantaires !
Je l’ai dit plus haut, je chausse du 44, c’est exceptionnel pour une femme de ma génération. Il se trouve que je regarde un peu ce qui se présente dans la génération suivante. De ce côté, je suis peut-être dans un milieu exceptionnel, mais j’ai dans mon entourage au-moins deux jeunes filles qui pourraient emprunter mes chaussures sans avoir l’impression de chausser des palmes de plongée. En extrapolant un peu, ça m’amène à penser que ce cas, qui était rarissime il y a une génération, risque dans un avenir proche de se banaliser. Or, mon expérience montre que pour chausser ces pieds, si on trouve très facilement le nécessaire chez les hommes, c’est une autre histoire chez les femmes. Vous allez me dire : « pourquoi une femme qui mesure déjà entre 1,80m et 1,90m irait porter des talons ? C’est le genre de femme qui, niveau chaussants, ira plutôt vers des baskets ou une ballerine plate, au maximum ! ».
Alors, d’une, je ne vois pas ce qui vous autorise à dire à une femme comment elle doit se chausser, c’est un choix qui lui appartient. Et puis les baskets, c’est moche, enfin, je veux dire, on met pas ça quand on veut faire preuve d’un peu d’élégance. Et si elle veut être la première informée en cas de pluie, qui êtes-vous pour le lui interdire, au prétexte qu’elle serait déjà trop grande ? Et puis surtout, je trouve que cette remarque relève de la grandophobie ! Elle n’a pas choisi d’être grande, elle l’est, il faut bien qu’elle fasse avec, mais ce handicap ne doit pas l’empêcher de profiter des joies de la féminité !
In fine, je me retrouve avec beaucoup de mots, alors que je voudrais faire passer un message tout simple : pour des raisons que j’ignore il semble que les pieds des jeunes filles grandissent actuellement. Si j’étais un fabricant, j’essayerais d’anticiper sur cette évolution pour proposer des gammes adaptées à cette nouvelle donne. Oh, bien sûr, il se trouverait certainement quelques hommes pour en profiter, mais est-ce que ça serait un mal ? D’un point de vue commercial, j’en doute. Et puis, est-ce mieux de laisser sur le bord du chemin toutes celles qui sont un peu au-dessus de la moyenne…? Mais bon, je ne suis pas fabricant…
Après, me concernant spécifiquement, au vu de mon expérience… je ne suis pas certain que ça serait l’idée du siècle, finalement… affaire à suivre !
La photo d'illustration initiale de cet article venait de Pexels, elle avait été prise par Rene Terp.
Je l'ai remplacée par la suite, après publication initiale, par une photo personnelle.

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