Chemin de soie

Je voudrais ici interroger un point spécifique : est-ce une bonne idée de porter des bas à un mariage ? Eh bien… ça dépend !

À ma connaissance, il existe deux types de mariage : le sien, et celui des autres. Et, qu’on considère le sien ou celui d’un autre, la tenue la plus adaptée dépendra évidemment du sexe de la personne. Ainsi, je ne crois pas pouvoir en toute bonne foi recommander le port des bas pour un homme, encore moins à son propre mariage. Sauf si madame est au courant, et qu’elle est d’accord, bien sûr, mais je doute que lui faire la surprise au moment du coucher soit une très bonne idée. Et pour une femme ? C’est là que ma réponse sera variable…

Le sien

Considérations générales

Je voudrais commencer par évoquer le cas d’un premier mariage. D’après mon expérience quand on en a fait plusieurs on sait plus ou moins à quoi s’attendre. La première fois est tout de même assez… spéciale.

Mesdames, pour votre mariage, vous serez considérée comme le centre de la journée. Avec monsieur, à titre accessoire, mais cette journée sera avant tout la vôtre. Et elle sera pour vous stressante : pourquoi la maquilleuse est en retard ? Où est le photographe ? La pièce montée sera-t-elle livrée à l’heure ? Cette robe est une horreur pour aller aux toilettes ! Est-ce que tata Lucienne et tonton Robert vont encore s’engueuler ? On a bien fait de les mettre à des tables séparées, non…? On aura le temps d’aller du lieu de la cérémonie au lieu de l’apéro ? Est-ce qu’on pourra profiter un peu de l’apéritif, du repas, des gens venus pour nous¹ ?

Monsieur, dans tout ça ? Il sera là, mais s’inquiétera sans doute beaucoup moins, après tout il aura un rôle avant tout décoratif. Il sera à vos côtés, bien sûr. Il pourra aider, c’est évident. Mais il ne se demandera pas si sa coiffure ça bien tenir, si son mascara ne va pas couler, et puis bon, les toilettes, ça ne sera pas un problème pour lui. Pour vous, ça sera sans doute une autre histoire : à moins que vous n’ayez une solide habitude de porter et gérer un jupon, vous n’avez sans doute plus trop l’habitude de robes aussi encombrantes, et nos dessous modernes ne sont peut-être pas très adaptés non plus…

Le choix

Dans ces conditions, porter des bas, ou non ?

Le point le plus important, c’est que ce choix vous revient, à vous et a personne d’autre — même pas monsieur. Ou papa. Ou belle maman. Ce choix, comme celui de votre robe, est vôtre.

Mon conseil, si je peux m’en permettre un : n’en portez pas si vous n’en avez jamais porté. Sérieusement, vous aurez assez de choses à gérer, inutile d’ajouter cette charge, les bas peuvent procurer des sensations auxquelles vous ne seriez pas habituée, il est inutile d’en ajouter. Sauf bien sûr si vous l’avez promis à monsieur : pour moi, une promesse est une promesse et doit être tenue, dans ce cas, ayez pitié de vous : habituez-vous aux sensations dans les semaines qui précèdent l’événement.

Un cas particulier : il me semble que la tradition est plus ou moins tombée dans l’oubli, mais s’il y a possibilité de jarretière, il pourrait être plus intéressant de préférer un collant — même si, avec un bon porte-jarretelles, le fait de faire glisser la jarretière ne devrait pas faire tomber un bas… mais apercevoir ce petit bout de ruban pourrait donner des idées à bon nombre d’invités. Pour moi, bas et porte-jarretelles, s’ils peuvent être esquissés discrètement, relèvent tout de même de la sphère privée de qui les porte, c’est incompatible avec l’exhibitionnisme de cette animation.

Quelle lingerie ?

Si vous en avez déjà porté, la question peut se poser, mais j’ai aussi un conseil pour ce cas : utilisez un bon porte-jarretelles. Évitez les trucs funky qu’on vend sous le nom « lingerie de mariage », c’est mignon tout plein mais ça ne vous permettra pas de tenir toute une journée. Large, 6 jarretelles minimum, les conseils de choix que j’ai donnés ailleurs s’appliquent ici aussi. Cette lingerie de mariage n’est utilisable que si elle est mise juste avant la nuit de noce, éventuellement.

Quels bas ?

Pour moi, l’idéal, pour une mariée, est de porter soit des bas blancs, soit des bas en accord avec sa carnation : chair, nude, cappuccino… Évitez toutefois le noir, on parle de votre mariage, pas d’un enterrement. Toujours dans un monde idéal, ces bas doivent être à diminution, avec un talon français. Bon, en réalité, le choix des bas rejoint le choix d’en porter ou non, si j’ai sous-entendu des bas à diminution au début de ce paragraphe, il va sans dire que c’est une cascade qui ne doit être réalisée que par une habituée. Je le répète : le jour de son mariage n’est pas un jour où on peut s’amuser à expérimenter.

Toute première fois…!

Il existe un cas particulier auquel je n’ai pas pensé jusqu’ici : celui où la nuit de noce est la première nuit du couple ensemble. Dans ce cas, il me semblait légitime de vouloir en faire un moment mémorable pour tous les deux, il me semblerait normal que madame prenne un soin particulier au choix de sa lingerie²… Est-il envisageable d’en changer au cours de la journée ? Si non, le premier critère doit, à mon humble avis, être le confort. En conséquence, je ne varierai pas sur l’idée des bas : il est mieux d’avoir un minimum l’habitude d’en porter. Et faire attention à ne pas choquer monsieur, je suis à peu près sûr qu’il peut y prendre goût, mais il semblerait que les jeunes générations ont malheureusement une connaissance assez réduite de cet accessoire…

Je dirais que l’idéal, dans ce cas, serait d’essayer discrètement de prendre des informations chez l’intéressé… en faisant attention ce faisant à ne pas trop nourrir son imagination, vous ne voudriez pas qu’il s’imagine des choses que vous ne lui accorderez pas pour cette fameuse nuit, ça pourrait être destructeur pour la suite.

Une petite précision : à me lire ici, on pourrait croire que j’estime que madame doive faire tous les efforts, et monsieur se contenter d’en profiter. Rien n’est plus éloigné de ma pensée, mais le sujet principal étant les bas du mariage, il se trouve que madame est tout de même la première concernée. Cette question de l’attention portée à l’autre, à ses désirs, à ses rêves se pose évidemment pour les deux membres du couple.

Le plus important !

Suite au commentaire de Péla (merci à elle), je tiens à rappeler ce qui est tout de même, de très loin, le plus important en la matière : suivez vos envies, faites-vous plaisir ! Vous voulez en porter ? Allez-y sans vous poser trop de questions (enfin… si vous pouvez éviter de payer des cents et des milles pour une lingerie inconfortable que vous ne porterez qu’une fois, ça sera tout de même mieux). Vous ne voulez pas en entendre parler ? Si en matière de bas l’obligation remplace le plaisir et l’envie, ça ne sert à rien. Le commandement de Rabelais a tout son sens ici : « Fay ce que vouldras ».

Celui d’une autre.

Cette section sera courte : au mariage d’une autre, vous faites ce que vous voulez. Vous n’aurez pas trop de pression (à moins d’être demoiselle d’honneur pour une mariée exigeante…?) et ne serez pas le centre de l’attention de la journée.

Enfin… En théorie.

Portez des bas de façon un peu trop visible pourrait changer ça. Intéressant si vous êtes en mal d’attention et si vous détestez la mariée — les deux conditions sont cumulative. Il convient toutefois dans ce cas très précis d’avoir l’habitude d’en porter. S’il manque un de ces deux conditions, n’hésitez pas à en porter si vous en avez envie, tant que vous le faites avec une élégante discrétion.

Pour la couleur, bien que je pense que vous n’avez pas besoin de mes conseils je les donne quand-même : restez-en aux teintes proche de votre carnation, c’est le meilleur moyen d’éviter les faux pas. Je pense que le noir est sûr à exclure, sauf peut-être en soirée. Quant au blanc, si vous n’êtes ni la mariée, ni une infirmière, il pourrait être mal vu.

Sans monsieur, ou sans madame

Dans le cas d’un mariage entre deux hommes ou entre deux femmes, je ne sais pas si la question se posera, ou si elle sera bien différente.

Il me semble, bien que je puisse me tromper, qu’en général les mariages entre hommes voient rarement l’un des mariés (ou les deux) porter robe blanche, pour les bas on se retrouve dans le cas de monsieur que j’ai évoqué en introduction. Quand il concerne deux femmes, tout est possible : deux robes, deux costumes, une robe et un costume… le port des bas, dans ce cas, ne diffère pas de ce que j’ai évoqué ci-dessus.

Remariage

Je traite ce cas à part, en général il intervient un peu plus tard, et est souvent plus détendu qu’un premier mariage : si le premier était la journée d’une vie, le second profite de l’expérience du premier. C’est peut-être bête à dire, mais avec beaucoup de stress en moins, c’est une journée finalement plus agréable que la première fois,  on a même une petite chance de pouvoir en profiter. La tenue de ce jour est à l’avenant : en général, on pense plus au confort, on profite aussi de l’expérience acquise. Bas ou pas ? C’est simple, à ce stade, vous savez ce que vous voulez. Profitez-en, simplement !

Mon expérience

La section qui suit est susceptible de contenir des passages très personnels, voire intimes. Si votre ce genre de sujets évoqués vous gêne, n'hésitez pas à éviter de la lire et à sauter directement à la section « commentaires » pour me laisser un petit mot, je vous en serai infiniment reconnaissant.

Vous l’aurez peut-être compris, mon mariage actuel est le deuxième. Le premier a commencé plus ou moins parce-que madame l’avait voulu, me faisant comprendre qu’il était temps de faire ma demande, et a pris fin pour la même raison deux ans plus tard. Je deuxième est arrivé un peu après, il est toujours actif et si je me fais peut-être des illusions, j’ai bon espoir que ça dure. En tout cas, je n’ai rien remarqué qui pourrait indiquer le contraire (en gardant à l’esprit qu’en tant qu’homme, je ne suis pas conçu pour remarquer ce genre de choses).

Je me souviens clairement d’un événement le jour de mon premier mariage. Ce n’est pas le retard de mon témoin (qui a fini par arriver, pour me venger, à mon deuxième mariage ce sont les mariés qui étaient en retard), c’est que le matin même je me suis dépêché d’aller aux Galeries Lafayette locales pour acheter des bas pour celle qui était alors ma fiancée. Je lui ai pris ce que j’ai trouvé : une paire de bas à jarretière Gerbe — elle n’avait pas emmené de porte-jarretelles de toute façon —, qu’elle a accepté de porter pour moi. Si j’ai insisté de la sorte, c’est parce-que je ne voulais pas regretter, voire lui reprocher de n’en avoir pas porté ce jour-là — elle connaissait mes goûts, nous en avions parlé avant. Ces bas, elle les a portés toute la journée, même si elle les a enlevés avec un intense soulagement le soir, alors que nous n’avions pas quitté le lieu du repas. À ce moment, j’étais avec elle dans la pièce et je l’ai remerciée d’avoir bien voulu faire cet effort pour moi.

Je ne le savais pas, c’était la dernière fois que j’allais la voir en porter, malgré la promesse qu’elle allait me faire sur le sujet moins d’un mois plus tard.

Pour mon deuxième mariage, je n’avais pas évoqué le sujet avec celle qui allait devenir ma femme, je l’ai laissée libre de choisir de porter ce qu’elle voulait, ce qui lui semblait pratique, ce qu’elle avait envie.  Je laisserai ce sujet dans une ombre discrète, sachez juste que dans la mesure où elle a appris mon intérêt pour les bas après 12 ans de mariage et 13 ans de vie commune, elle n’en portait pas ce soir-là et ce n’était pas grave.

De mes nuits de noce, je ne dirai rien, sauf que dans les deux cas, ce n’était pas notre première fois, nous vivions ensemble depuis quelques temps.

La photo d'illustration de cet article vient de Pexels.com, elle a été prise par Engin Akyurt.
Le pêle-mêle de lingerie est une « création » personnelle que j'ai composé en mélangeant un certain nombre de modèles de lingerie dite « de mariage » du site glamuse.com, avec une légère insistance sur les bas, tout de même.

1. en réalité, cette question, on ne se la pose pas avant, on se contente de réaliser après qu’on n’a pas eu ce temps… ↩︎
2. même si, en fait, j’imagine que le moment devrait se suffire à lui-même, dans ce cas précis. ↩︎