East Side

Une photo d'un bas East Side, montrant l'arrière du revers avec son trou de serrure et le pied. Le revers du bas est pris dans une feuille en carton blanc, le pied revient juste en-dessous du revers. L'ensemble est posé sur une boîte portant le logo Cervin.

Une fois n’est pas coutume, permettez que j’évoque aujourd’hui un nouveau produit. Même si l’article peut sembler un peu publicitaire, il ne s’agit pas d’un article publi-rédactionnel : je le rédige sans l’aval de la marque, je ne gagne aucun avantage à le rédiger, je le fais sans contrepartie, que je n’aurais de toute façon pas l’idée de demander. Le produit est le tout nouveau bas East Side, de Cervin, un nom qui fleure bon la culture locale des Cévennes1 !

Présentation

Mais pourquoi parler spécifiquement de ce bas ? Depuis que je m’intéresse à nouveau au sujet, Cervin a lancé plusieurs modèles, et c’est de celui-ci que je parle, qu’a-t-il donc de particulier ?

Regardez les photo de la galerie ci-dessus. Regardez bien ce bas. Regardez les détails que montrent bien les photos. Et comparez tout ça à la courte description que je donne pas loin d’ici (emplacement exact selon le lecteur que vous utilisez, en théorie à droite). Le bas de la photo présente une couture bien apparente sur toute sa longueur — bon, ça, ce n’est clairement pas compliqué à ajouter à n’importe quel bas. Plus subtil : regardez le travail de tissage dans le sous-revers, avec ses bandes de couleurs plus ou moins fortes. Et bien sûr, dans le revers, couronnant la couture, l’œillet, qui donne une ouverture dans cette zone où l’étoffe est doublée. Seuls manquent à l’appel les points de diminution, mais je suis sûr que si la marque le voulait elle pourrait les ajouter.

La marque présente ce bas comme « révolutionnaire ». Peut-être faut-il avoir quelques bases dans le domaine pour en avoir conscience, mais c’est effectivement le cas : ce bas est un bas RHT tout ce qu’il y a de plus classique, fabriqué sur un métier circulaire. Mais ils ont réussi à reproduire l’aspect visuel d’un bas à diminution. Quels sont les compromis, parce-qu’il y en a ?

Je vais essayer de répondre au mieux, en me basant sur les informations que j’ai pu glaner ici ou là sur les réseaux sociaux de la marque.

Compromis

Le principal est la finesse du tissage : un bas RHT est tissé avec 415 aiguilles, quand le tissage d’un bas à diminution en utilise jusqu’à 600, cette différence se ressent sur le résultat. Il est possible de varier le nombre d’aiguilles utilisées selon la portion de bas en cours de tissage, mais cette souplesse est bien plus importante dans le cas d’un tissage à plat (diminution), je n’ai plus les nombres précis mais ils sont peut-être dans cet article. Ce qui veut dire qu’un bas à diminution aura une trame plus fine, mais aussi plus régulière sur toute sa hauteur.

Faut-il mentionner l’absence de véritable diminution, qui fait que le bas suit moins les courbes de la jambe ? Je crois que de mon côté, je suis trop habitué au port de bas RHT au quotidien. Et puis, mes jambes, je les garde pour moi, je ne les partage pas, sur ce point je ne suis peut-être pas la personne la plus indiquée pour juger. Toujours est-il que si le bas en nylon donne l’impression d’une jambe plus fine, cette impression est encore plus forte s’il est à diminution.

Autre chose ? Honnêtement, c’est tout ce que j’ai en tête à ce stade. Évidemment, en termes de processus de fabrication, il y a moins d’interventions manuelles : un bas à diminution doit être fermé à la main, dans le cas de ce bas la couture est ajoutée directement par le métier. Je suppose tout de même que le revers est replié et cousu à la main, je ne vois pas trop comment on pourrait le faire à la machine, mais ma connaissance des métiers à tisser est limitée aux articles que j’ai pu lire… en tout cas, ce East Side demande un peu moins de travail aux couturières du fabricant qu’un Tenue de Soirée ou un Tentation.

Pour qui ?

On a l’apparence d’un bas à diminution. On a presque les sensations d’un bas à diminution. On est beaucoup moins cher qu’un bas à diminution. Va-t-on remplacer le bas à diminution ? Ce n’est pas prévu : pour l’instant ce bas est un ballon d’essai, pour voir s’il y a une demande pour un produit proche du bas à diminution, à un prix beaucoup plus doux. Le haut de gamme continuera d’être tissé à plat, Cervin m’ayant affirmé en plus qu’un nouveau métier à plat venait d’être mis en service. Ils ne comptent donc pas abandonner ce créneau haut de gamme qui fait leur spécificité. À qui s’adresse-t-il ? Mon hypothèse est qu’il constitue une porte d’entrée vers les bas FF : il est vendu à 24€, contre une quarantaine d’euros pour une paire de bas tissés à plat (prix hors promotion), la différence est assez significative. Ils permettent, mieux que les gammes habituelles à couture rapportée, d’essayer l’esthétique de ce bas si particulier.

Il peut être intéressant dans le cadre d’un shooting photo ou d’une soirée habillée (ou non, ça ne me regarde pas), en donnant l’apparence de la diminution au prix du RHT. Un connaisseur ne s’y trompera pas, mais… ceux-ci sont assez rares, et il y a fort à parier qu’il sauront garder le secret. Pour les autres, ils auront l’apparence du véritable vintage. Dans le monde pin-up ou burlesque, il peut aussi présenter une alternative intéressante : entre les bas à couture extensibles de chez What Katie Did à 19,95€ et ce bas à 24€, en ce qui me concerne je n’hésiterai pas longtemps3.

Quels sont les défauts que je vois à ce bas ? À 24€ la paire, on est quand-même assez loin de l’entrée de gamme. Pour référence les prix chez Cervin commencent autour de 15€. On reste donc sur un produit assez luxueux. Celui-ci souffre des défauts classiques des bas nylon : il faut faire attention à ne pas les filer, à ce prix l’utilisation de gants pour les mettre est une idée intéressante — pour ma part j’utilise des gants en laine assez épais, je sens très bien la couture quand je les mets en place. En fait, je pense que le plus gros problème reste le processus de fabrication de ce bas : le métier circulaire permet d’automatiser bon nombre des tâches nécessairement manuelles sur un bas FF, mais il semble tout de même plus complexe à fabriquer qu’un bas RHT classique, fût-il muni d’une couture. Cervin semble prévoir d’en proposer de nombreuses teintes, mais le premier lot a été difficile à sortir, et il est en rupture de stock… espérons que l’expérience leur permettra d’améliorer les choses !

De mon côté j’ai tendance à porter des bas à diminution quand je me sens un peu fatiguée ou légèrement déprimée4, je pense que ces bas feront un bon complément dans ce genre de situations, sans remplacer complètement non plus les bas plus haut de gamme.

En vidéo

Pour accompagner le lancement de ces nouveaux bas, Cervin a partagé quelques capsules vidéo, principalement sur Instagram. Sur YouTube, ils ont mis à disposition une vidéo plus longue, présentant l’ensemble de leurs produits de l’automne. Je vous en propose le lien ici, mais comme elle est soumise à une limite d’âge il vous faudra aller sur YouTube et vous identifier pour la voir. En théorie, le lien devrait vous placer directement au moment où on voit la première apparition d’un bas East Side, autour de la position 00:57.

Cervin ailleurs

Quelques liens pour des informations complémentaires… et les réseaux sociaux de la marque. Je dois bien les avoir aussi dans la colonne de droite, mais dans le doute, je les remets ici :

La marque a un compte sur X, inactif (dernier post en 2019). Je ne les ai pas trouvés sur Threads, Bluesky ou Substack, je n’ai aucun moyen de chercher sur Mastodon mais au vu de leur suivi des réseaux sociaux je crois que c’est inutile.

Cervin ici

Et voici pour finir quelques autres articles concernant Cervin ici :

J’ai posé à la marque quelques questions complémentaires par e-mail, sans réponse utile à ce jour5. Je mettrai à jour de cet article si je trouve ou reçois d’autres informations. J’espère en tout cas n’avoir rien raconté de faux.

Les photos d'illustration de cet article viennent principalement de Cervin, je les ai récupérées sur leur compte Instagram. Je les supprimerai si la marque me le demande.
La photo d'illustration de l'article est une photo personnelle, je ne voulais pas partager à mon nom des photos de Cervin sur mes divers réseaux sociaux.
  1. pour rappel, la manufacture de l’Arsoie où sont produits les bas Cervin se trouvent à Sumène, dans le Gard. ↩︎
  2. je préfère le terme œillet, son plus rare équivalent français. ↩︎
  3. d’autant plus que d’après mon expérience, la durabilité du nylon est bien meilleure que celle du nylon+Lycra des bas extensibles ! ↩︎
  4. à toute fin utile, l’accord de ces adjectifs au féminin ici est intentionnel, je crois avoir le droit de laisser s’exprimer la part féminine en moi. Sinon, elle me fait la g… pardon, j’ai rien dit ! ↩︎
  5. enfin… si, mais une réponse qui couvre une portion très réduites de ce que j’ai demandé, et au passage une réponse que monsieur NylonPur ou le Boss auraient eux aussi pu me faire si je leur avais posé une question approchante. ↩︎



8 réponses à « East Side »

  1. excellent article merci du partage

    bonne journée

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    1. Merci Patrick, bonne journée à vous aussi !

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  2. Une belle présentation pour un modèle qui en effet peut permettre de s’adonner au bas à coutures. Car le rituel, les contraintes de la couture (disons les prescriptions) sont du même acabit que pour un vrai bas FF, hormis que le galbe de ce dernier épousera toujours mieux la jambe. J’ai eu l’occasion de voir ce bas récemment et il est « crédible ». Les puristes ne devaient pas s’inquiéter pour autant et même s’en réjouir. Grâce à lui, les coutures auront plus de chance de rehausser le pavé triste de nos villes. Gageons aussi qu’une femme conquise par l’East side sera encline à aller plus loin.

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    1. C’est aussi mon impression, je pense qu’il est un intéressant ticket d’entrée dans le monde de la couture.

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  3. Tout en étant totalement déconnecté de la chose. Je suis absolument fasciné par la culture et la connaissance dont tu fais preuve sur ce domaine. Dans un autre article tu demandais comment promouvoir les bas ? Et bien, en partageant ses expériences et ses connaissances, c’est déjà bien non.
    Peut-être que les marques elles-même ne le font pas assez ?

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    1. Pour les marques, elles communiquent à leur manière, mais je pense que c’est surtout en envoyant leurs produits à des modèles, qui vont intéresser des amateurs (modèles, photographes ou simples voyeurs — je me compte dans cette catégorie), mais ça n’ira pas plus loin. J’essaie juste de parler du bas… sur un autre ton. Et, peut-être, de le sortir de son image d’objet érotique réservé aux prostituées et aux femmes honnêtes qui veulent se donner l’impression de s’encanailler le temps d’une soirée…
      Merci pour ton commentaire, en tout cas, il est très encourageant !

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  4. Belle analyse pointue sur ce bas East Side. Je vois très bien ce que sont ces diminutions, mais je ne connaissais pas le keyhole.

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    1. Je crois que j’en parle plus en détails dans mon article sur le bas à diminution, c’était jusqu’au East Side une marque de bas FF. Marque plutôt discrète : elle est sur une partie de la jambe qui, en général, appartient au domaine privé de la personne qui les porte.

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