Je me suis un amusé avec mes salsifis la semaine dernière, ils auront au-moins servi à ça ! Pour cette semaine, je vais parler d’un sujet autrement plus grave…
J’ai lu il y a quelques jours sur un de mes sites de référence quelques articles qui m’ont rappelé l’importance d’avoir une bonne hygiène numérique. Je parle de toute personne qui aurait un comportement à risque : ça peut être partager certaines opinions politiques, ou le fait de poster des photos ou vidéos de soi, plus ou moins (dé)vêtu(e), dans des lieux plus ou moins publics, avec l’envie de vous rappeler quelques notions de prudence élémentaire.
Le premier point que je veux rappeler, parce-qu’il est malheureusement encore trop oublié : l’anonymat en ligne n’existe pas. Le pseudonymat règne, j’en profite bien, mais quiconque aurait envie de faire une petite recherche peut trouver assez facilement qui se cache derrière un pseudonyme1. Je veux bien admettre que ça peut être un peu compliqué pour une personne lambda, mais postez sous pseudonyme un avis qui est contraire à la loi, et vous verrez qu’on vous retrouvera très facilement.
J’ai évoqué le cas des avis, billets ou commentaires, c’est encore plus délicat quand il s’agit d’images réelles – photos ou vidéos. Dans un premier temps, il faut se poser la question du lieu où l’image est capturée. Si c’est un lieu public, elle peut tomber sous le coup de la loi, c’est l’article 222-32 du code pénal qui gère ce cas :
L’exhibition sexuelle imposée à la vue d’autrui dans un lieu accessible aux regards du public est punie d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende.
Pas de définition précise du terme « exhibition sexuelle », la qualification de l’acte dépendra donc de l’interprétation du juge. Ne croyez pas être à l’abri de poursuites, des automobilistes ou des motards ayant été un peu trop bavards au sujet de leurs exploits sur des routes françaises s’en mordent les doigts – ceci étant, la Justice est peut-être assez occupée avec les délits routiers pour ne pas avoir la possibilité de se pencher sur de petites exhibitions. Ça, c’était pour le côté « légal », il y en a un autre, beaucoup plus sombre et, finalement, plus risqué.
Celui-ci concerne plus précisément 2 choses : le lieu de la prise de vue, et les données annexes stockées avec les photos. Le lieu de la prise de vue, s’il est proche de votre domicile, peut donner à vos suiveurs de précieuses indications sur l’endroit où on peut vous trouver. Ce lieu n’est pas forcément explicite, mais des outils facilement accessibles aujourd’hui permettent, après une rapide enquête, de retrouver tout élément un peu caractéristique : enseigne, marque, voie de chemin de fer, logo sur un camion, plaque d’immatriculation… il s’agit de faire extrêmement attention à ce que vous montrez sur vos images, qui permettrait d’identifier un lieu que vous fréquenteriez régulièrement.
Concernant les données annexes, c’est encore pire ! Une photo prise avec un smartphone est un véritable trou à vie privée. Aujourd’hui elle contient non seulement toutes les informations sur les conditions de prise de vue, marque et modèle de l’appareil, date et heure de la photo, mais aussi très souvent… les coordonnées GPS de la photo2 ! Vous n’avez peut-être pas envie de partager la position de votre chambre à coucher de cette manière…
Dans tous les cas, n’oubliez jamais une chose fondamentale : tout ce que vous mettez sur Internet, quel que soit l’endroit, que ce soit derrière un paywall (OnlyFan), sur une plateforme qui complique un peu la récupération des photos (Instagram, par exemple), tout devient immédiatement public, et accessible dans le monde entier. Et dans le monde entier, sans même parler de divulgation malveillante d’informations personnelles3, il existe toujours le risque de tomber sur des tordus… Prenez soin de vous !
À titre d’illustration je vous mets d’anciennes photos de vacances, toutes garanties sans nylon. Je me suis assuré qu’il n’y ait pas de personnage visible, concernant les lieux je pense qu’ils sont plutôt reconnaissables pour une personne qui a déjà visité ces endroits4. Mon hébergeur s’assure que les données EXIF ne sont pas visibles, mais peut-être n’est-il pas très sage de ne compter que sur votre hébergeur sur ce point… sans parler d’un site auto-hébergé !





La photo de montagne est enregistrée avec les données GPS, voici ce qui est visible (que je partage ici parce-que ça fait bien longtemps que nous n’y sommes plus).
Notez, en vert, les liens vers les applis de cartographie !


Références
Si vous voulez voir jusqu’où peut aller la recherche sur une image à l’apparence plutôt banale, je vous invite à lire ces deux articles, chez basnylonetmusiqueretro. Ce sont eux qui m’ont donné envie d’ajouter ma pierre à l’édifice :
Dans les deux cas, il n’a pas eu recours à la recherche d’images inversée proposée par les principaux moteurs de recherche, qui est un moyen très puissant pour vérifier si une photo a déjà été utilisée (oui, machin, de Facebook, je sais d’où vient ta photo de profil super sexy !), mais peut aussi être utilisée pour identifier un lieu !
L'image d'illustration est un dessin de Gil Elvgren.
- les miens de font pas exception, d’autant moins que je ne prends pas le temps d’en changer régulièrement ↩︎
- fonctionnalité tellement pratique pour se souvenir où une photo a été prise… Mais qui est dans le fond tellement intrusive ! Sur mon téléphone, je l’ai désactivée, et mon appareil photo est trop ancien pour la gérer. ↩︎
- nom officiel en français de la pratique autrement connue sous le nom de « doxing » ou « doxxing ». ↩︎
- je paie un « amer » à la personne qui identifiera le mur moussu ! ↩︎

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