Journée des bas nylon

Les personnes qui, en quête de visions de nylon, fréquentent les réseaux sociaux anglophones sont peut-être tombées sur cette expression étrange : « Nylon Stocking Day ». Cette « journée des bas nylon » a lieu chaque année, tous les 15 mai. J’aimerais dire qu’elle est célébrée dans tout le monde anglo-saxon, mais il me paraît plus probable au vu de son origine qu’elle soit limitée aux États-Unis.

Cette origine, quelle est-elle ? C’était il y a 84 ans cette année… mais je brûle des étapes, reprenons les choses dans l’ordre ! Le nylon est une fibre textile qui a été inventée par des chercheurs de Du Pont de Nemours, entreprise chimique états-unienne, dans les années 19301. L’entreprise a commis l’erreur de ne pas déposer ce nom2 : il allait très vite passer dans le vocabulaire commun pour désigner la matière, mais aussi en anglais le bas nylon3. Ses propriétés physiques en ont très vite fait un candidat de choix pour la confection de bas. Il faut dire que la concurrence n’était pas bien grande : les fibres utilisées jusqu’à là étaient la soie, naturelle, mais chère et très fragile, et la rayonne, fibre artificielle tirée du bambou, beaucoup moins onéreuse mais elle aussi très fragile et beaucoup moins jolie. Il va sans dire qu’à l’époque, l’idée de transparence n’était même pas un rêve ! Le nylon apportait une solidité inconnue jusqu’alors, pour un prix qui ne l’était pas moins.

Le nylon est donc arrivé, les métiers à tisser ont été adaptés pour cette nouvelle fibre, et des bas ont été produits. Un premier lot de 4 millions de paires ont été mises en vente ce 15 mai 1940, uniquement aux États-Unis, l’Europe ayant cette année là d’autres sujets de préoccupation… Ces 4 millions de paires de bas ont été vendues en 4 jours… La production s’est poursuivie jusqu’en 1942, quand Du Pont a réservé la fibre pour l’effort de guerre : la production de parachutes était soudain devenue plus importante que la production de bas. La demande étant toujours forte, la pénurie s’est très vite installée, poussant les femmes outre Atlantique à adopter la pratique des européennes consistant à imiter la présence d’un bas avec de la teinture et un crayon pour tracer la couture.

En 1945, une fois la paix revenue, la production a enfin pu reprendre. Aux États-Unis, la reprise du marché ne s’est pas faite sans heurts : la demande était tellement forte que des milliers de femmes faisaient la queue devant les portes des magasins pour s’arracher les premiers lots. Je me suis laissé dire que certains GIs en avaient dans leur paquetage, dans l’espoir de s’attirer les bonnes grâces des femmes françaises. Plus tard, le plan Marshall allait amener en France un certain nombre de métiers à tisser, fabriqués dans la ville de Reading4, pour permettre la renaissance d’une industrie manufacturière du bas en France. Aujourd’hui, 6 de ces métiers existent encore en France et produisent des bas comme ils étaient fabriqués dans les années 40 et 50, à Sumène, dans le Gard. Mais là, c’est une autre histoire !

Les anglophones peuvent faire un tour sur le site dédié à cette journée, il se trouve ici : https://nylonstockingday.com/. Avez-vous prévu de faire quelque chose de spécial pour cette journée ?

  1. en février 1935, pour être un peu plus précis. ↩︎
  2. selon certaines sources, cet « oubli » serait volontaire, le but étant de pousser l’adoption du nouveau nom dans le vocabulaire courant. La firme ayant, plus tard, déposé la marque Lycra® sans hésiter, le doute est permis. ↩︎
  3. aujourd’hui, un « nylon » désigne au Québec un collant fin, gare aux désillusions ! ↩︎
  4. d’où le nom donné à ces métiers, qui ne doit pas être confondu avec leur marque. ↩︎


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