Tenir ses bas – le corset – Introduction

Introduction

Ce billet est le deuxième de ma petite série sur les pièces de lingerie destinées à tenir les bas. Et je pense, pour avoir à peine effleuré le sujet, qu’il y en aura d’autres, le corset me semble aussi vaste qu’il peut être serré !

Je précise en préambule que je n’ai pas d’expérience directe avec les corsets, que ce soit porté par moi ou par une personne proche de moi. Mon expérience se résume à des rencontres dans des musées, à des photos vues dans divers médias, et à des articles lus ici ou là ou à des films – aahhh… le malaise d’Elizabeth dans le premier Pirates des Caraïbes… apparemment totalement irréaliste, j’y reviendrai. Dernière précision : à titre personnel, je n’ai aucun fantasme ni fétichisme directement lié au corset, je supporterai mon épouse si elle voulait en porter, je la conseillerais, je lui en achèterais très certainement, mais je ne lui demanderai pas spécifiquement d’en porter et il me paraît plus que hautement improbable qu’elle y pense d’elle-même, je lui ai suggéré récemment d’essayer un jupon pour donner un peu de volume à sa jupe, je la soupçonne au vu de sa réaction d’avoir cru que je lui proposais une crinoline. Je n’envisage pas d’en porter moi-même non plus.

Description

Quoi de mieux pour commencer qu’une brève description du corset moderne ? Il s’agit d’un vêtement en tissu rigide, muni d’armatures verticales elles aussi rigides, qu’on place autour de la taille. Il doit être ajusté, voire très ajusté. Le corset peut être muni d’un laçage soit à l’avant, soit à l’arrière, qui permet d’ajuster le serrage. On trouve aussi en plus un système pour les fermer – fermeture éclair ou agrafes, pour pouvoir le mettre en place facilement, sans devoir tout délacer. Il peut être à peine plus large qu’une grosse ceinture, ou couvrir le corps du haut des seins à la taille.

Sur l’avant du corset se trouve une armature particulière, rigide, qu’on appelle le busc. Celui-ci est la pièce maîtresse du corset, celle qui lui donne sa structure, et qui impose la position. Aujourd’hui il sera généralement en métal, parfois enveloppé dans du plastique pour éviter la corrosion, et souvent en deux parties pour donner un point d’appui solide aux agrafes. Dans des corsets plus anciens, le busc pouvait être en métal, en fanon de baleine (d’où le nom de ces pièces de plastique qui structurent des vêtements), en bois, en ivoire… Il pouvait être amovible, on le glissait dans une poche aménagée à cet effet sur la partie avant du corset. Certains étaient de véritables œuvres d’art, ils pouvaient être sculptés de décorations, de poèmes, etc.

Le corset est très proche de la guêpière, dont je parlerai peut-être plus en détails plus tard. Tellement proche d’ailleurs que des guêpières peuvent être vendues sous le nom de « corset ». En pratique, le maintien d’un corset sera largement supérieur à celui que pourra procurer une guêpière, la deuxième étant démunie de busc, et ayant en général des armatures légères en plastique.

Bref historique : des siècles d’évolution

L’Histoire du corset remonte… bon, techniquement, on pourrait la faire remonter à l’antiquité, mais pour les versions les plus récentes, Léoty, qui fut corsetier au début du XXe siècle, les fait remonter à Isabeau de Bavière. Elle fut reine de France en tant qu’épouse de Charles VI, au début du XIVe siècle. C’est semble-t-il elle qui aurait amené à la cour royale la mode de se découvrir le haut de la poitrine, mode qui allait avec un soutien par en-dessous – la large ceinture qu’elle utilisait pour ça a été, pour la première fois, appelée « corset ».

La forme précise, les ornements, la manière de le structurer et la matière précise vont évoluer au cours des siècles, sans remettre en cause ni l’objet, ni sa nécessité – pensez par exemple aux robes à paniers du XVIIIe siècle : le corset était à l’époque un élément indispensable pour permettre à la femme de supporter la masse de la robe, en la répartissant sur l’ensemble de son corps plutôt que sur ses hanches. Il est amusant de constater que les rois ont longtemps tenté de maîtriser les ornements de la tenue féminine en prenant des édits contre l’utilisation de fils d’or ou d’argent, la pratique est restée courante jusqu’à Louis XIV… et n’a jamais freiné l’imagination des couturiers.

Il se fait discret à la Révolution, reparaît timidement sous le Directoire sous la forme d’une large ceinture qui se portait sous la poitrine, appelée « zona » et inspirée, comme beaucoup de vêtements de l’époque, des vêtements antiques. Il va à nouveau prendre de l’importance tout au long du XIXe siècle, devenant une pièce indispensable de toute garde-robe – je peux dire sans trop de risques qu’à la fin du siècle, toutes les femmes en avaient au-moins un, et le portaient au quotidien. Les corsetiers proposaient même des pièces adaptées à la grossesse ou à l’allaitement. Les mêmes, vers la fin de ce siècle, allaient inventer les successeurs du corset : Féréol Dedieu pour le porte-jarretelles – où on peut dire que cet homme était un visionnaire, il a inventé son « petit appareil » à une époque où les corsets ne tenaient pas encore les bas -, Herminie Cadolle pour le soutien-gorge. Avec un coup de pouce de Paul Poiret vers 1910, ils allaient révolutionner les dessous féminins.

J’ai parlé de Féréol Dedieu, ce corsetier a inventé une ceinture munie de bretelles pour tenir les bas. Exit la jarretière (elle allait résister quelques temps quand-même, notamment en France !), je ne suis pas sûr que ce soit lui qui a eu l’idée de combiner sa nouvelle invention et son activité principale. De toute façon, les jarretelles étaient jugées inconfortables et inesthétiques. Finalement, les années 70 n’ont pas inventé grand chose ! Leur côté pratique finira toutefois par s’imposer, en commençant par séduire les britanniques avant de retrouver l’ensemble du monde occidental au début du XXe siècle. L’usage du corset à jarretelles sera finalement de courte durée : l’utilisation générale du corset allait décliner après la première guerre mondiale et l’entrée massive des femmes dans l’industrie. Il allait être remplacé d’une part par le porte-jarretelles pour tenir les bas, et par la gaine pour tenir aussi le corps. Celle-ci est simplement à la base un corset léger, dépourvu de busc. Mais c’est une autre histoire !

Il me reste un dernier point à mentionner ici : on ne peut pas parler « du » corset, mais plutôt des corsets. S’ils sont restés des vêtements rigides destinés à donner une posture au corps, la forme du busc, le type de maintien et, un fine, le résultat final, allait beaucoup évoluer : un spécialiste saura aujourd’hui distinguer un corset de 1895 d’un corset de 1900. Le corset était lié à la mode, et comme elle, il évoluait d’une année à l’autre. Finalement, les corsets auront été utilisés pour tenir les bas à l’aide de jarretelles pendant une trentaine d’années. Avant de laisser la place à leurs descendants directs : porte-jarretelles, gaine, et guêpière après 1946.

Je pense que je vais m’arrêter là pour cette première partie, je poursuivrai en parlant des controverses autour des corsets. Ensuite… on verra, la littérature sur le sujet, qu’elle soit moderne ou plus ancienne, est très vaste, très riche, on y trouve énormément d’informations à partager !



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