Écrire…

Dans mon jeune temps, comme tout un chacun, j’ai suivi des cours de français. Je dis : « dans mon jeune temps », comme si j’étais devenu une tête chenue, minée par le poids des ans. Il n’en est rien, j’ose espérer avoir encore quelques années devant moi, en deux mots comme en cent, pour filer la paraphrase : moi, je balance entre deux âges. Toujours est-il que j’ai quitté les bancs de l’école il y a belle lurette, sans même un baiser de la maîtresse1 ! Cependant, on m’y a enseigné quelques trucs.

Si mes souvenirs sont bons, ces trucs commençaient par : « tu dois savoir par avance ce que tu vas écrire : commence par faire un plan ». Je veux bien l’admettre : en toute circonstance, avoir un plan, ça aide à savoir où on est, où on va et, si le plan est bon, comment y aller. Le problème du plan, c’est que d’une part il faut le faire, je ne sache pas que monsieur Michelin vendrait des plans tout près pour rédiger des billets, ce qui soit dit en passant est bien dommage. Et d’autre part, le plan aura le même effet qu’un GPS : il nous guidera droit au but, mais nous fera manquer tous ces chemins de traverse qui font le charme d’une promenade. À titre personnel j’ai commencé à découvrir Paris quand je m’y suis promené sans plan, sans prendre le métro, en suivant le hasard de mes pas. Le rapport entre Paris et l’écriture ? Très simple : c’est pareil !

Est-ce à dire que Paris serait une synthèse ? Et la thèse au Marais, l’antithèse à La Sorbonne, l’introduction à la Butte aux Cailles ? Superbe transition pour aller vers ce qu’on met dans le plan. Thèse / antithèse / synthèse pour le plus classique, il y en aurait d’autres qu’à mon grand regret je n’ai jamais vraiment maîtrisé, si tant est que j’aie un jour maîtrisé le plan classique… Grand regret parce-qu’au vu de l’inanité de mon antithèse à ma dissertation de philo au bac, j’ai dû me résoudre à changer de sujet à une heure de la fin de l’épreuve, ce n’est pas idéal pour rédiger sereinement et ça m’a valu une note médiocre. Mais je crois que je pratique encore les chemins de traverse. Mais ce n’est pas trop grave, je pense que je suis assez proche du bout de mon chemin pour aujourd’hui.

Faire un plan, décider à l’avance de ce qu’on va dire, c’est bien. Sauf que… en pratique on oublie tout, l’écriture est plutôt comme de la couture : on trouve un fil, on commence une trame et on suit pour voir où ça va aller. In fine, les mots formeront un chemin. Ira-t-il quelque part, finira-t-il en impasse ? Impossible à dire quand on commence… Mais tant qu’il ne file pas, il ne faut pas se priver !

  1. je crois qu’honnêtement, je n’en aurais pas voulu de toute façon ! ↩︎


Une réponse à « Écrire… »

  1. Joliment dit !
    Et vrai que pour découvrir réellement une ville, ou un lieu, ou finalement quoi que ce soit, il n’y a rien de mieux que les chemins de traverse…

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