Des histoires d’ours

Il court actuellement une polémique sur les réseaux sociaux, je ne sais pas trop d’où ça sort mais c’est devenu un sujet récurrent. La question, posée avant tout aux femmes, est : « vous devez aller dans une cabane dans une forêt avec un seul compagnon, qui sera un homme ou un ours. Lequel choisissez-vous ? ». Bon nombre de femmes qui répondent choisissent l’ours, ce qui choque bon nombre d’hommes.

Je vais essayer de m’abstenir de juger les opinions des uns et des autres. Le mouvement est-il significatif ? Je ne sais pas, mais j’ai un doute : comme beaucoup de ce qui se passe sur les réseau sociaux, j’ai l’impression qu’il s’agit avant tout de tempêtes dans un verre d’eau, des phénomènes qui vont intéresser une petite minorité active, qu’on y verra intervenir des personnes aux opinions bien tranchées – que ce soit dans un sens ou dans l’autre -, et que l’immense majorité va simplement hausser les épaules et passer à autre chose, si tant est qu’elle y ait fait attention au départ.

Je me pose néanmoins des questions sur les motivations derrière le fait de poser de telles questions. Je pense que l’auteur / autrice les pose en conscience, en sachant dès le départ que les réponses vont forcément cliver. De là à imaginer que le but est juste de faire du buzz, il y a un pas qui est vite franchi. Est-ce que ça signifie qu’il n’y a aucun problème ? Ce n’est pas ce que j’ai dit non plus, en témoigne ce billet, cité depuis un réseau social aussi1 :

Je marchais tranquillement dans la rue, une voiture ralentit pour se mettre à ma hauteur, elle me suis en restant à ma vitesse de marche… le mec me regarde salacement
[…]
Vous êtes dérangés ma parole

Pas tous les hommes, mais assez pour qu’on ai toutes peur

Clairement, ce qui ressort de ce témoignage, c’est qu’il y a des comportements problématiques. Ils n’ont rien à voir avec des bas, ni même peut-être avec une tenue – la dame qui a posté ça ne s’est pas étendue sur le sujet mais de toute façon, ce n’est pas le problème ici. Je la rejoins dans son questionnement (que je n’ai pas reproduit ici) : à quoi s’attend cet individu ? À ce qu’elle le trouve beau / sexy ? Il faut se réveiller, ça marchait peut-être dans des films américains des années 60 mais je ne vois pas comment ça pourrait fonctionner dans la vraie vie2. Le résultat, c’est que ça fait peur, c’est tout, et c’est… normal. La différence : aujourd’hui, c’est dit, publiquement. Je ne suis pas forcément en ligne avec le mouvement #MeToo, je pense qu’il a eu des excès dommageables et j’ai peur qu’il nous amène à terme à une situation à l’américaine, où un homme et une femme ne peuvent pas discuter à deux sans la présence d’un tiers, et où « tout ce que vous direz pourra être retenu contre vous »3. Mais s’il a permis de libérer cette parole, et si cette parole permet à certains de comprendre que leur comportement est problématique, alors il n’aura pas été inutile…

Effet de loupe des réseaux sociaux ? Biais de sélection où seules les situations problématiques sont exposées ? Je n’ai malheureusement pas l’impression que les choses s’arrangent. Je doute toutefois que ces histoires d’ours aide à apaiser les relations entre les deux moitiés de l’humanité…

  1. je ne mets pas une capture du billet, mais je conserve l’orthographe, la grammaire et la ponctuation telles quelles. ↩︎
  2. ceci dit, je n’ai jamais essayé. Au vu des voitures que j’ai pu posséder, un tel comportement de ma part aurait peut-être eu pour effet intéressant de faire bien rire la dame ! ↩︎
  3. c’est du moins ce qui ressort des formations obligatoires dans mon entreprise pour tout homme qui serait amené à travailler dans nos filiales outre-Atlantique. ↩︎


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